Cela fait maintenant des années que l'on sait que Dany Boon n'est pas une référence en matière de divertissement : des beaufs Ch'tis aux idiots du Raid, en passant par l'Hypocondrie prétendument comique et les juifs rabbins/radins (n'oublions pas, à ce propos, les douaniers incultes), il semble que chacun de ses films porte sur un sujet chaque fois neuf et ma foi plutôt rare dans les comédies populaires (j'essaie moi-même d'y croire), à ce détail prêt qu'ils manquent singulièrement de finesse, d'intelligence, d'humour qualitatif.
Mais voilà que devait venir le moment de la panne d'inspiration; à présent que toutes les cases sociales auxquelles il pouvait penser sont passées dans ses films, ne restait plus grand monde sur qui tenter de faire rire. Revenons donc aux origines de Boon, les gens du nord, couplées au bob parisien qu'il est devenu, aristocrate et bouclé dans des cercles VIP nauséabonds.
Le film du méa culpa donc, sorte de Rocky Balboa de son auteur; se pourrait-il que Dany ait la même plume que l'ami Sylvester, en plus de ses qualités dramatiques par le réalisme de ce qui y sera conté? Evidemment pas, Boon préférant recycler le registre de l'humour pour faire un plus gros succès en salle. Constat d'autant plus attristant que les meilleurs moments du film (c'est à dire les retrouvailles finales) concernent la partie dramatique du film, les passages dits d'humour parvenant à peine à décrocher un sourire penaud.
On y retrouve les mêmes acteurs (Renaud, Bonneton, Lecluyse) au service des mêmes gags éculés (l'accent ne prête plus au sourire, tant il est forcé et sonne faux), avec l'ajout non négligeable de la charmante Laurence Arné (meilleure prestation du film) s'opposant au choix plus regrettable d'un Pierre Richard qui passe ici son temps à reproduire avec perte et fracas la recette perdue des bons Pignon.
On se demandera au fil du compte où réside l'intérêt de cette comédie qui ne brille (et le terme est grand) que par ses passages dramatiques, où l'humour racle les fonds de tiroir de la boîte à idée vide de l'ami Boon, pas bien aidée par un casting rébarbatif et ô combien mou, sans dynamisme ni entrain (il suffira de jeter un oeil à l'affiche pour voir qu'ils sont tous fatigués de faire la même chose, l'argent ne réveillant qu'avec l'aide de cocaïne fraichement payée). Il ne serait guère utile de placer quelques mots sur la mise en scène absente, remarquable que pour les millions qu'elle a coûtées, et résummable au seul fait qu'elle confond rythme de montage pour entraîner l'humour et hurlements des acteurs agrémentés de tristes grimaces. Niveau humour, on est à deux sur l'échelle des Tuche 3.