Dany Boon ne livre pas ici la suite de « Bienvenue chez les Ch’tits », les deux histoires n’ont rien à voir et d’ailleurs 80% de l’action se déroule à Paris. Mais si le scénario est différent, l’esprit reste peu ou prou le même et c’est sans doute pour cela que le film fonctionne presque aussi bien que son prédécesseur. Dany Boon, qui a maintenant une certaine expérience derrière la caméra, livre un film bien calibré, pendant lequel on ne s’ennuis pas et qui, même s’il est réalisé de manière ultra-conventionnelle, reste efficace. Quand je dis que c’est ultra conventionnel, c’est que c’est sans surprise : un petit air de piano dans les moments plus tendres, quelques répliques passe-partout glissées ça et là du genre : « T’étais plus généreux quand t’avais rien ! », le quiproquo qui va bien avec la belle-sœur Louloute, la morale de fin sur l’acceptation de soi et de ses racines, le petit mea-culpa obligatoire et un peu lénifiante, la critique un peu féroce du parisianisme et du snobisme, la glorification de la province et du terroir, tout cela est très efficace mais totalement sans surprise. En fait, ce qui fonctionne dans les comédies de Dany Boon, c’est d’abord qu’on sent immédiatement que même si elles sont calibrée, sans surprise et même un peu formatées, elles respirent quand même la sincérité. Et puis, l’humour de Dany Boon, c’est l’humour PPDC « Plus Petit Dénominateur Commun ». L’humour noir laisse du monde sur le bord de la route, l’humour absurde encore plus, l’humour british ne sied pas à tout le monde, l’humour scatologique non plus mais l’humour de Dany Boon, à la fois tendre, bon enfant et visuel peut toucher tout le monde. Difficile d’y résister tant il fait mouche, pas toujours mais la plupart du temps. Alors, on est tenté d’être indulgent et de fermer les yeux sur les défauts de « la Ch’tite Famille », ses situations improbables, ses leçons de morales un peu « mou du genou », et surtout ses personnages ultra stéréotypés. Fallait il vraiment affubler Valentin d’un beau-père vénal et sans scrupule à ce point, fallait-il vraiment l’affubler également d’une famille vivant dans des caravanes, en marge de la casse paternelle, et qui sont des caricatures sur pied ? Fallait-il vraiment leur faire parler le ch’tit de façon aussi marquée, à tel point que l’on aurait parfois besoin de sous-titre ? Dany Boon, que j’imagine bien plus subtil que son scénario, a peut-être eu peur de ne pas en faire assez, du coup il en fait beaucoup et franchement, un peu trop ! C’est dommage car son film ne manque pas, par ailleurs, de qualités et notamment il bénéficie d’un casting réussi, avec Valérie Bonneton, Guy Lecluyse, Line Renaud (adorable), François Berléand et Laurence Arné. C’est d’ailleurs elle, bizarrement, qui hérite du rôle le plus nuancé et le plus complexe. Il aurait pu donner à Valentin une épouse très parisienne, très snob, très cassante et insupportable mais en réalité, il donne à Florence Arné le rôle d’une femme sincère, amoureuse et qui est beaucoup plus délicate et attachante que son rôle ne le laissait présager sur le papier. Le carnet d’adresse de Dany Boon étant ce qu’il est, il y a des caméos très sympas comme celui d’Antonia de Riedinger, d’Arthur, de Pascal Obispo, de Claire Chazal, de Kad Mérad aussi (forcément…). Il nous offre aussi des running gag qui fonctionnent (le coup de la sciatique) et des scènes très « comique visuel », presque « chaplinesque » dans son appartement de designer, notamment avec sa salle de bain improbable, une salle de bain qui lui veut objectivement du mal ! Devant « la Ch’tite Famille », on rit souvent, on ne s’ennuie pas, on prend même un certain plaisir mais il n’y a pas avec ce film de quoi casser trois pattes à un canard ni à expliquer ce succès fracassant ! C’est une comédie efficace mais sans surprise, avec des personnages improbables et auxquels on a bien du mal à croire, la morale du scénario tient un timbre poste et au bout de la séance, on a retenu quoi ? Que les parisiens sont des snobs et qu’il ne faut surtout pas oublier d’où l’on vient si on veut être heureux et aller quelque part ? C’est quand même un tout petit peu léger, non ?