Que pouvais-je attendre de "Carrie", réalisé en 1976 par le grand Brian De Palma ? Un film d'adolescents, une oeuvre d'horreur apocalyptique, un nouveau chef-d'oeuvre d'inspiration Hitchcockienne ? La première chose que je retiens est essentiellement la puissance incroyable des images, par ailleurs inoubliables. On commence en rentrant dans le vif, dès le générique, avec une exposition sans détours de la sexualité de ces adolescentes et particulièrement de Carrie, bouc-émissaire rejetée par ses camarades, voire martyrisée par instants. On y découvre ensuite sa maternelle, extrémiste religieuse complètement paranoïaque éprise de visions sataniques. Puis cette prof symbole de bonté, tentant de redonner espoir à une exclue sociale. Enfin, la cruauté de l'homme sera mise en valeur avant de basculer vers le final (la dernière demi-heure en fait) tout simplement hallucinnant, véritable éloge au talent du cinéaste, visiblement libre de tout expérimenter. Il ne s'en est pas privé : jeu de lumières, d'éclairages, de caméra, angles impossibles, plans-séquences, découpage personnel, split-screen (on en a beaucoup parlé), utilisation musicale, tout y passe... L'intensité dramatique est immense, le suspense indéfinissable et organisé dans un espace presque de huis-clos magistralement géré. On passe de la romance à la terreur la plus totale, avant de confondre les deux et de peindre des tableaux exceptionnels de beauté horrifique. Tout cela se termine très mal pour tout le monde tandis que le spectateur abasourdi ne parvient plus à bouger de son siège, à la fois envoûté et pris à la gorge par un climat très étrange et une réalisation impeccable. Je ne mets pas 4 étoiles parce qu'en bon admirateur de De Palma, je le sais capable de mieux encore (la même année, "Obsession" !). Malgré cela, "Carrie" est à voir absolument, une oeuvre culte dont certaines séquences m'auront marqué.