Brian De Palma adapte pour la première fois Stephen King pour son premier roman intitulé "Carrie". Ce dernier se fera un nom au cinéma comme auteur/scénariste de film par la suite : "Shining", "Dead zone" et "La ligne verte" pour ne citer que ceux-ci.
Avec un scénario huilé à la perfection (Carrie, une adolescente maltraitée au lycée et tyrannisée par sa mère, se fait inviter à un bal...), "Carrie au bal du diable" (1976) fait partie du deuxième grand film de De Palma chronologiquement, le premier étant son "Soeurs de sang" avec Charles Durning.
Surfant sur sa consécration, il offre à Sissy Spacek (connu par le grand public par cette interprétation) le rôle de Carrie, à Piper Laurie (déjà vue dans "L'arnaqueur" de Robert Rossen et qu'on reverra dans le "Croassing guard" de Sean Penn), la mère de Carrie, et à l'inconnu John Travolta (dans son deuxième film !) un second rôle, un étudiant.
Sissy Spacek, de par une interprétation bluffante, fait la part belle à tout le casting et s'impose dans ce film d'épouvante fait pour ELLE. Dans ce film, De Palma en fait un personnage de premier plan, et de ce fait, Sissy Spacek nous hyptonise (c'est le cas de le dire !) dans un rôle bien étoffé par le jeune réalisateur en herbe qui en profite pour montrer sa patte incontournable (qu'on reconnaît bien aisément) : il passe d'un plan large à un gros plan en captant toutes les lueurs d'un personnage (ses sentiments, ses craintes, ses doutes, l'espoir, ...), le tout agrémenté d'une musique simple et pesante caractérisant à merveille le personnage filmé.
Ici, la musique de Pino Donaggio ("Pulsions", "Blow out" et "Body double" marquent la collaboration de Pino et de Brian dans les 80's) prend tout son sens et l'on est happé devant une maîtrise aussi parfaite du rendu visuel et sonore. Encore une bande-son mythique sans aucun doute !
Les effets spéciaux (visuels) sont terribles et marquent d'une pierre scellé le destin du plus grand réalisateur post-moderne. Sa réalisation, efficace et troublante, et ses effets, d'une implacable noirceur, marquent toutes les oeuvres de Brian comme un opéra de sueur et de sang ("The intouchables", qui hantera longtemps les mémoires, en est l'exemple le plus frappant).
"Carrie au bal du diable" est pour ainsi dire une oeuvre baroque, sans doute intime du grand De Palma, qui met plus l'accent sur l'interprétation de Sissy Spacek que sur la religion et le diable malgré des petites incursions brillament réussies (la scène du meurtre de la mère et le final, appréciable et tonitruante respectueusement, mais discutables).
A voir au moins une fois dans sa vie. Avis aux âmes sensibles.
A noter : "Carrie..." a remporté le festival d'Avoriaz en 1977.