Aleeeeeeeeerte !!! Sur les magazines télé, "Marguerite" est vendu comme une comédie. Or, ce n’est pas le cas, puisque ce long métrage s’approche davantage du drame que de la comédie. Pourtant, le début laisse augurer une comédie hilarante, avec les fausses notes entonnées avec beaucoup de cœur par Catherine Frot. Au vu du massacre, j’avoue avoir ri à gorge déployée. Mais après… peu à peu se dessina une question qui prit de plus en plus d’importance au fil des minutes : où est la comédie qu’on nous avait promise ? Avec un état d’esprit pareil, toutes les conditions sont réunies pour être déçu de façon aussi tragique que les partitions sont massacrées. Aussi, parvenu au générique de fin, j’étais dans une dynamique de grande sévérité. Diffusé trois jours plus tôt sur France 3, j’ai eu le temps de prendre du recul. Et mon avis a quelque peu évolué, quoique je reste définitivement bien peu emballé par le long métrage de Xavier Giannoli. Pour ne pas dire « pas du tout ». Mais bon ! Déjà, si l’histoire parait invraisemblable, sachez qu’elle trouve sa source sur Florence Foster Jenkins, qui avait l’habitude de chanter devant un cercle de proches, sans qu’il ne lui fusse dit qu’elle chantait faux. Le potentiel comique était là, sans oublier la cruauté liée à ces non-dits. Et hop ! On se sert de l’histoire et on l’implante dans les années 20, à grands coups de décors fastueux de la bourgeoisie française. La reconstitution de l’époque plonge sans difficulté le spectateur une centaine d’années plus tôt. Et c’est tout naturellement que nous allons découvrir la passion dévorante de cette Baronne (Catherine Frot) envers l’opéra, exercice vocal pour lequel elle n’a pas le moindre soupçon de talent. De la même façon que ces œuvres lyriques sont montées, "Marguerite" va se dérouler en 5 actes. De fil en aiguille, on nous emmène d’une passion à l’obsession devant l’œil amusé de l’assistance,
cachant du même coup un vrai problème psychologique chez cette personne fortunée
sans même que le spectateur ne s’en aperçoive. Si Catherine Frot a été césarisée pour ce rôle (j’imagine qu’elle le mérite), tout comme l’a justement relevé l’internaute cinéphile BenoitG80, elle joue quand même effectivement selon son registre habituel. Parmi les personnages, ma préférence va plutôt vers George Dumont, le mari de la Baronne. Son interprète André Marcon excelle dans la fuite qui consiste à éviter à tout prix les vocalises de son épouse. Mais pas seulement : il excelle également dans la difficulté à révéler la vérité, surtout en sachant que le mensonge (à la fois éhonté et par omission) s’est installé depuis longtemps. Parmi les seconds rôles, on doit aussi saluer la prestation de Michel Fau dans le rôle d’Atos Pezzini, un chanteur d’opéra sur le retour. C’est d’ailleurs lui qui bénéficie des répliques les plus savoureuses, taillées sur mesure pour l’aura de son personnage dont les manières font penser à la façon dont les rois se tenaient sur leur trône royal. Mais dans tout cela, quel est le rôle du majordome ? Entièrement dévoué, photographe hors pair (on verra de superbes photos), le but qu’il poursuit n’est pas clairement défini. Il intrigue par son attention de tous les instants envers la baronne. Vous me direz que c’est le rôle d’un majordome après tout, ce à quoi je vous répondrai que vous avez raison. Pire : sous son air posé et froid mais néanmoins dévoué, on le sent méthodique, condition indispensable au poste qu’il occupe. Mais… il y a quelque chose de pas net, de diabolique. C’est très tardivement que nous en découvrons ses desseins, sous la stupéfaction de son interlocutrice… et du spectateur. Mais une chose me chiffonne ? Quel est sa motivation ? son mobile ? Par pure cruauté ? Par la possibilité de prendre sa revanche sur sa condition de noir ? On n’en sait rien. Et finalement, c’est ça qui me dérange le plus et qui me laisse un sacré goût amer, et non le fait que j’ai été floué sur le genre du film. Toujours est-il que ce personnage-là est bien ténébreux… et ce n’est pas dû à la couleur de sa peau, quoique ça pourrait être un mauvais cliché…