Si l'on en croyait sa promotion somme toute intéressante, Nerve est un film qui promettait de l'intense, du glauque et du dérangeant. Partant d'un principe de voyeurisme à l'extrême, de multiples portes s'ouvraient à lui, destination qu'il a délibérément décidé d'éviter pour rester dans un format tout public commercial et sans prise de risque.
Le résultat ne met pas longtemps à trouver des qualifications dans l'esprit du spectateur : produit prémâché bon pour la consommation, oeuvre au potentiel intéressant rabaissée à du divertissement certes efficace, mais largement trop banal pour qu'on s'en souvienne comme d'un film qui marque vraiment, non pas comme une long-métrage distrayant mais sans plus.
Et c'est ce qu'il est, au final : pauvre déception que celle-ci, Nerve se contente de rester en surface quand il pourrait gratter en profondeur, nous servant un rendu final superficiel quand il pouvait entrer dans les pires sévices du voyeurisme, et réellement impressionner son téléspectateur. Parce qu'au final, on a rapidement l'impression de tomber sur une partie un poil plus mouvementée qu'à l'accoutumée d'un Action ou Vérité de base; on pourrait même tomber sur un Ca tourne mal d'ibraTV que ça ne nous choquerai pas le moins du monde.
Il arrivera tout de même que l'on ressente quelque émotion à la vue de tel ou tel gage (celui sur la moto était très réussi, tant au niveau de la mise en scène que de l'utilisation de la bande-son), mais ce sera soit trop rare, soit pas assez viscéral pour que l'on se sente pleinement satisfait. Là est le problème du film : quand on ressort de Nerve, on garde en nous un certain goût d'inachevé, de déception par manque d'originalité.
Ce qu'il fait, il a beau le faire bien, il restera toujours ce fait : il fallait chercher beaucoup plus loin dans l'extrême pour parvenir à vendre ce qu'on devait vendre au spectateur. Dans l'état actuel des faits, ce n'est rien de plus qu'un film tout public un poil nerveux qui ne manque pas de clichés et de moments prévisibles, et dont la mise en scène souvent banale ne lui permet pas de se sortir du cadre nocif des teen movies américains des années 2000.
Plutôt bien interprété par un duo d'acteurs assez convaincant (Emma Roberts et Dave Franco, assez bonne pioche), on n'échappera cependant pas aux personnages stéréotypés et caricaturaux : la bimbo jalouse de son amie devenant intrinsèquement l'une des méchantes du film (parce que la superficialité c'est mal, m'voyez?), et le néo-métalleux terriblement insupportable qui pense que c'est un personnage badass parce qu'il porte un flingue de gansta sous un blouson beaucoup grand pour ses bien trop maigres épaules de grand dadais.
Décevant à plus d'un titre, Nerve trouve cependant l'intelligence de partir dans une excellente direction sur sa conclusion, avant de tout gâcher par un climax ô combien stupide et incohérent, prévisible et pourtant si naïf. On sentait qu'ils voulaient que le tout se termine bien, qu'ils n'avaient pas la foi de faire une histoire profondément glauque traitant le voyeurisme de manière intelligente et pertinente (hello, Fenêtre sur cour); de fait, on tient un divertissement casse-gueule qui, même s'il fait très bien passer le temps, aurait pu être tellement plus qu'il en devient difficilement appréciable. De bonnes idées subistent, même si la plupart sont mal abordées ou développées.