En allant voir "Trois souvenirs de ma jeunesse", je m'attendais à découvrir une sorte de ballade mélancolique ou alors une sombre chronique sentimentale, dont le climax global aurait obligatoirement emprunté à l'atmosphère brute des années 70 car le sujet, épaulé par ses 3 cadres d'espace et de temps, étalés entre les années 60 et le début des années 90, auraient pu se prêter admirablement bien avec ce type de cinéma, qui se veut proche de l'être humain et de son cheminement de vie, - or, à la place de cela, le cinéaste impose un film rendu lourdingue, avec son statut de "film d'auteur" et par son "intellectualisme" pompeux et grandiloquent, mais aussi avec ses acteurs qui semblent réciter platement leurs textes avec cet air agaçant "d'absence" et de quasi déconnexion du réel, que ça en devient embarrassant pour certains cinéspectateurs habitués à des jeux d'acteurs naturels, que le doute s'impose entre s'endormir la tête renversée en arrière, s'affaler comme des "blobs" idiots dans leurs sièges ou se goinfrer de popcorn jusqu'à l'éclatement pour éviter de s'endormir.
Car en effet, dans ce film, beaucoup de ses composants semblent avoir été conçus de façon à toiser doctement le spectateur - donc un peu comme le ferait un prof devant ses élèves ^^ - pour tenter de lui faire gober qu'il serait en train de découvrir un film hautement "réfléchie", porteur d'une pénétrante et "méditative réflexion", concernant les relations humaines et les rapports établis entre les hommes et les femmes, lorsque ces derniers sont jeunes et obligés de s'imposer des concessions douloureuses, notamment, pour se séparer afin de continuer des études qui obligent parfois à voyager aux 4 coins du globes...
Comme nombre de film possédant des prétentions "d'auteur", "Trois souvenirs de ma jeunesse" se révèle lent, assez misérablement confus, parfois tordu, assez soporifique dans sa mise en forme, vide et creux dans son fond, et à cela, il faut tenir compte de sa forte dose d'incohérence qui est injectée dans certaines scènes, comme celle où l'on découvre le personnage principal - Paul Dédalus - alors adolescent, qui ose corrompre au jugé de visu, le premier agent de l'union soviétique, qu'il croise dans le métro, en lui tendant un simple paquet de cigarette, car, c'est vrai qu'en Europe de l' Est, tout le monde fumait des clopes et de ce fait, tout le monde était rendu potentiellement corruptible en agitant un simple paquet de Marlboro à moitié vide (!)...
A cet effet, la présence de ces absurdités scénaristiques, est encore aggravée par une narration empruntée à Godard et à sa "Nouvelle vague" car les séquences imposent des voix-off inutiles, comme pour signifier au spectateur que ce qu'il voit, est bien en train de se dérouler sous ses yeux, des fois que le spectateur soit un malvoyant qui s'ignore !...
Concernant l'interprétation de Mathieu Amalric, celle-ci confirme qu'il est indéniablement l'un des plus mauvais acteurs de toute l'histoire du cinéma français, car ce n'est un secret pour personne, Almaric a toujours souffert d'une gamme d'expression quasi mono expressive et d'un jeu d'acteur mono tonique, faisant ressembler son visage à celui d'un poisson lune endormit depuis 6 semaines (!)...
Évidemment, le cinéaste semble avoir recherché à tout prix à reproduire cette absence d'émotion déclinée en "arty effect" poussif - avec son personnage principal qui adopte un regard souvent lointain et absent, et quelque soit son age - en imposant un jeu identiquement mauvais au jeune acteur Quentin Dolmaire chargé d'incarner Paul Dédalus lorsque ce dernier en adolescent - et il s'avère que Quentin Dolmaire est assez sinistre et transparent, avec ses expressions quasi figées en permanence... - en regard de cela, on a l'impression que ce jeune acteur correspond à la "version adolescente de Mathieux Almaric "...
A ce niveau, pour s'assurer de défaire jusqu'au dernier file, les jeux de ses personnages principaux, le réalisateur se complait à nous imposer une très mauvaise écriture du rôle de Esther (Lou Roy Lecollinet) puisque celui-ci met en scène, encore une fois, un personnage effacé, absent et lointain, qui semble psychologiquement avoir été calibrer pour s'accorder au mieux avec le psychisme du transparent Paul Dédalus !...
Concernant ces 2 étranges personnages principaux que sont Paul Dedalus & Esther, ceux-ci étaient déjà présents dans le film "Comment je me suis disputés... (ma vie sexuelle)", datant de 1996, comme si que "Trois souvenirs de ma jeunesse" constituerait une sorte de suite, à retardement et décalée, au film de 1996...
Bref, je suis allé voir ce film, avec des préjugés assez positifs et bienveillants en regard de son indéniable potentiel émotionnel, et en pensant embarquer pour un voyage menant parfois au Tadjikistan et en URSS - or, au lieu de cela, le spectateur obtient des décors relativement mal foutus, qui semblent avoir été reconstitués dans des bâtiments abandonnés qui sont situés dans le "9-3" parisien. - Me concernant, j'ai claqué ma soirée pour regarder ce cinéma prétentieux dédié au vide et évidemment, snobisme intellectuel oblige, le jury cannois a accordé une certaine importance à ce film pourtant mineur... ô-;- ))