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soulman
87 abonnés
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4,0
Publiée le 9 juin 2015
Un nouveau film très attachant de Desplechin, dont la 3ème partie - la plus longue - souffre nonobstant d'un déséquilibre. En effet, on peine à s'expliquer, malgré le talent de l'actrice, en quoi le personnage principal peut-il être fasciné par Esther. Mignonne, mais loin d'être d'une beauté renversante, la comédienne ne peut porter sur ses frêles épaules toute l'adulation que son caractère et son physique sont supposés inspirer. C'est malgré tout un film à voir, le plus truffaldien à ce jour de tous les métrages de l'auteur de "Rois et reine", ne serait-ce parce que les frères Dédalus avaient le bon goût d'écouter The Jam au début des années 80...
Il y a de plus en plus un air de Truffaut dans le cinéma de Desplechin.
Je ne parle pas seulement de ce qui a été si souvent signalé : l'identification entre Desplechin / son personnage récurrent Paul Dedalus / son alter ego Mathieu Amalric, qui ressemble par bien des aspects au trio Truffaut / Antoine Doinel / Jean Pierre Léaud.
Je veux plutôt évoquer cette façon de faire du cinéma qui m'apparaissait souvent chez Truffaut comme anti-moderne. Alors que bien des cinéastes expérimentaient des formes plastiques radicalement modernes, Truffaut filmait tranquillement des histoires à l'ancienne, alternant simplement les sujets et les styles.
Desplechin fait la même chose : après un épisode américain sur un sujet très spécifique (Jimmy P.), le voici de retour dans un genre qui lui colle à la peau, le drame romantique au long cours. Il y a dans Trois souvenirs de la jeunesse des afféteries passéistes qui se moquent de la modernité en souhaitant probablement nous replonger dans l'époque (ce split screen 70's, ces fermetures et ouvertures à l'iris entre les plans).
Et puis, Desplechin comme Truffaut, s'avèrent être avant tout des cinéastes de l'Amour. Si le premier et le deuxième souvenirs de ce film sont agréables à regarder (mais somme toute anecdotiques), c'est bien dans le troisième et long volet que Desplechin trouve à exprimer son souffle dramatique et romantique.
Il faut le dire : le personnage joué par Lou Roy Lecollinet est un magnifique personnage de cinéma. D'abord sirène hyper sexuée dominant une tribu de petits cons qui paraissent avoir 10 ans de moins qu'elle, elle devient progressiment une amoureuse transie, puis une provinciale délaissée par un jeune homme qui fait son chemin intellectuellement. Ce n'est d'ailleurs pas le moindre mérite du film de donner à voir le temps qui passe, les trahisons, déceptions et tromperies qui y sont associées.
Le film de Desplechin est comme une sorte de point médian dans le cinéma français actuel : l'égocentrisme d'Assayas, un substrat générationnel qui rappelle Klapisch, et l'ombre tutélaire de Truffaut qui plane.
C'est très réussi, à défaut d'être absolument génial.
Arnaud Desplechin a toujours soufflé le chaud et le froid chez moi. Où Un conte de Noël est un chef d'oeuvre et Rois et reine une vraie purge. J’étais resté mitigé sur Jimmy P. mais très curieux de voir ce nouvel opus. Pour être franc, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans. Je trouvais cela long, lent et ne supportais pas le jeu des acteurs. Mais petit à petit, l'écriture et la mise en scène inspirées de Desplechin sont devenues quasiment fascinantes au point de me laisser perdre totalement dans cette histoire. Et on s'attache finalement à ces adolescents en manque d'affection et de repères, dans leur apprentissage de la vie et de l'amour. Le rythme, le phrasé, les dialogues sont particuliers et font de l'ensemble quelque chose d'assez surréaliste et un peu décroché du temps. Techniquement, c'est superbe et le découpage en plusieurs chapitres très plaisant. Les deux jeunes acteurs trouvent là leur premier rôle et sont vraiment très convaincants. On retrouve bien sûr Mathieu Amalric, l'acteur fétiche du réalisateur. Et un joli casting pour les petits rôles, avec les toujours excellents Olivier Rabourdin, André Dussolier, Eric Ruf, Françoise Lebrun, Patrick D'Assumçao et Dinara Droukarova. Ces Trois souvenirs de ma jeunesse, aussi intéressant sur la forme que sur le fond, sont donc une bien belle surprise. Un très beau film, pas franchement facile d'accès mais au final aussi décalé que réussi.
Ce film traite pour le souvenir le plus longtemps évoqué d'un sujet intéressant: les traces d'une relation amoureuse d'un homme sensible, histoire vécue lorsqu'il était jeune adulte et qui le marquera jusqu'à aujourd'hui.
Le problème est que les personnages sont insupportable d’égocentrisme et de futilité. Pourtant bien interprétés ils sont détestables. Alors comment avoir de l'emphatie pour eux?
Le retour à l'âge adulte est survolé, dommage... Et les deux autres souvenirs sont à peine évoqués, dommage aussi, là il y avait plus de matière.
J'étais impressionné de voir la folie maternelle ainsi présentée à l'écran. Une mère folle, mélancolique, intrusive, dont Paul Dédalus enfant se défend et protège ses frère et soeur à l'orée de la nuit. Quelle scène incroyable! Comment construire sa vie sur les cendres d'une mère morte et d'un père inconsolable? L'hostilité parentale est filmée avec talent par Desplechin. La manière, dont cela imprègne les liens fraternels est aussi montrée. Et puis, il y a ce cousin recueilli, sorte de frère, double miroir et rival à la fois. Le cinéma de Desplechin nous emmène dans une histoire au sein de laquelle on circule de l'un à l'autre, d'une voix narrative à des échanges incarnés. Ce sont de longues promenades, parfois des excursions, parfois des ascensions ou des chutes vertigineuses. En somme, un cinéaste qui mérite le détour.
Le film hésite sans cesse entre biographie et un tableau de la jeunesse des années 80. Le film est inégal et va majoritairement decrescendo. Les histoires d'amour d'Esther ne m'ont pas passionné du tout. Aucune émotion ressenti, impression permanente de redite. Le phrasé de Paul (Quentin Dolmaire) est aussi déplaisant que peut l'être celui de Julien Boisselier. Le film en devient long, fastidieux et ennuyeux. Le film ne dégage pas grand chose et il est faible. J'ai pensé à "Après mai" d'Olivier Assayas.
"Trois souvenirs de ma jeunesse" est le retour d'un homme quadragénaire, Paul Dédalus sur 3 épisodes de sa vie qu'il est tenu de justifier à un enquêteur dans le cadre de formalités douanières. Son premier souvenir porte sur l'enfance : souvenir douloureux à l'âge d'une dizaine d'année où il menace sa mère avec un couteau, ne pouvant compter sur son père, il va habiter chez sa grand-mère. Le second souvenir porte sur les années de lycée, un voyage en Russie. Par affection pour son ami juif, il donne son passe-port pour qu'un jeune juif russe puisse s'expatrier en Israël. Ce don crée un double de son identité, deux Paul Dédalus et consécutivement un incident de frontière objet de l'enquête et origine de l'évocation de ses trois souvenirs. Enfin un troisième souvenir sur ses années d'étudiant et son grand amour pour Esther, une jeune fille un peu plus jeune que lui. Les deux premiers souvenirs sont exposés assez brièvement. En revanche le troisième souvenir représente les quatre-cinquième du film, ce qui n'est pas un hasard. Les premières évocations sont là pour situer le contexte familial, l'époque des années 70, la troisième évocation représente le thème principal. Arnaud Desplechin veut nous dire que les parents de ce jeune garçon sont en échec dans leur rôle de parent mais aussi sur le plan professionnel et même à tous égards. Il nous dit ensuite que les autres adultes, instrumentalisent ce jeune adolescent, sans prendre de risque et s'exposer eux-même pour servir leur cause. Les parents et les adultes éducateurs et ceux du réseau, ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités.C'est là me semble-t-il un premier message à notre intention. Qu'en est-il de la troisième évocation ? Elle porte sur les années d'études supérieures, les fêtes copieusement arrosées, les calculs et arrangements pour survivre sans argent et surtout pour son amour pour Esther. Cet amour a été tumultueux mais bien sincère et nous laisse à partager de belles émotions. Cet amour reste encore bien vivace lors de l'évocation de ses trois souvenirs. Paul Dédalus réalise qu'il a beaucoup voyagé, qu'il a eu une carrière riche en expériences vécues, mais aucune ne lui a procuré cette intensité de vie que son amour de jeunesse pour Esther. Est-ce autobiographique pour Arnaud Desplechin ? C'est possible.Trois souvenirs de ma jeunesse c'est donc un très beau film éminemment romantique. C'est aussi une occasion de nous inviter à nous retourner sur nos propres souvenirs. Que sont devenus nos rêves et amours de jeunesse ? J'aime beaucoup ce flm et je trouve les critiques professionnelles et des spectateurs pas assez élogieuses. Je lui donne une note proche du chef d'oeuvre.
j'ai été ravie de voir ce joli drame qui est assez émouvant romantique parfois drôle avec de très bons acteurs tous convaincants aussi bien les personnages primaires que secondaires avec une très bonne histoire des trois souvenirs de la jeunesse du personnage principal qui joue extrêmement bien avec son côté touchant, attachant, romantique, fragile et sensible.voilà film qui plaira aux âmes sensible comme moi.
Arnaud Desplechin prend un évident plaisir à filmer l’errance de ses personnages inscrits dans un récit littéraire excessif. Ca part un peu dans tous les sens, avant de se poser dans la romance amoureuse de deux jeunes gens qui visiblement ne sont pas faits l’un pour l’autre. Ca pourrait alors fonctionner (le film) mais les écarts de mise en scène au profit d’un fignolage lassant cassent la mécanique dont les rouages sont maintenant trop apparents. On voit ce qu’il veut dire, on voit comment il fait, mais ce n’est pas très intéressant. Mathieu Amalric, personnage de l’âge adulte est magnifique, mais si rare… Pour en savoir plus
Quelles maladresses... Un chapitrage anecdotique, des incohérences scénaristiques, et on ne compte qu'à deux, les scènes bien jouées et avec intérêt : celle avec Dussolier et celle de fin dans le bar avec Amalric. Rien d'autre à y attendre, une sélection à la quinzaine non méritée.
Paul Dédalus, l’alibi psychanalytique de Desplechin, va nous raconter trois souvenirs de sa jeunesse : une relation compliquée avec une mère malade ; un voyage en URSS occasionnant la naissance de son double ; et essentiellement sa passion amoureuse partagée pour Esther. Vu la richesse des thèmes abordés par le film ; difficile d’en conter plus si ce n’est que ces trois souvenirs s’imbriquent parfaitement pour ne former qu’un tout et non un film à sketchs. Enfin, un « Desplechin » qui trouve grâce à mes yeux. Vaporeux, cotonneux comme des souvenirs refaisant surface après 20 ans ; ce film se révèle proustien comme un goût de madeleine. Et c’est la grande réussite du film ; un travail sur les méandres de la mémoire. Plutôt que de narrer la fin d’adolescence, il nous la fait vivre de l’intérieur à travers des sensations toujours très palpables. Et puis Paul Dédalus a le même âge que moi ; et çà me renvoie avec mélancolie à la jeunesse de la fin des 80’s. Desplechin conserve toutefois son côté intello bourgeois qui peut exaspérer. Truffé de références littéraires ; hyper écrit ; le verbe tient une place importante proche de la littérature récitée. Et sur ce film, le texte est délectable car porté par un duo savoureux. Les deux jeunes comédiens en question, Quentin Dolmaire et Lou Roy-Lecollinet, donnent beaucoup d’épaisseur à ce texte souvent dicté et décalé… incarnant à merveille des souvenirs approximatifs. Dans une critique j’ai lu à propos de ce film : « une œuvre certes éminemment intello, mais dont quasiment chaque dialogue fait mouche, de par sa musicalité évidente. Une matière première de haut vol, dont les comédiens s’emparent pour la raffiner et la gorger de vie. » Plus qu’un film, une vraie expérience difficile à argumenter.