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Variations6
1 abonné
7 critiques
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4,0
Publiée le 11 mars 2020
On aurait pu tomber sur de l'intelli-chiant bien français, le genre de film où l'on regarde sa montre et où l'on sort de la salle en disant "fooormidâââble" pour faire snob. En vérité, on voit un échantillon d'humanité, des personnes souvent touchantes, parfois dégueux spoiler: le pervers qui se touche, au secours ! mais ce qui m'a le plus marqué, c'est le dernier tiers du film: j'y ai vu beaucoup de poésie dans ces visages bien filmés - un vrai plaisir poétique sur cette partie. C'est vrai que le film aurait pu être raccourci ; on a beau être en extase, parfois c'est long.... J'ai adoré le personnage de la cycliste, avec la caméra lécheuse , collée à elle, pleine de joie, de force. Et puis cette fin magnifique. Par contre, à ne pas aller voir en amoureux.
C'est un documentaire de l'intime et de l'universel. Le film nous mène tout doucement à la découverte d'un lieu ouvert et méconnu. Le bois de Vincennes que nous pensions si bien connaitre nous est révélé comme par miracle par le truchement de portraits touchants. L'humain se niche ici pour apaiser ses douleurs, pour revivre ses souvenirs, pour se soulager de ses manques et s'éprouver physiquement... Claire Simon sait filmer les failles et sous sa caméra la nature se donne, se raconte et s'exhibe. Un film touchant et miraculeux.
Ce documentaire très scénarisé, avec quelques personnages qui reviennent dans deux séquences différentes pour renforcer la cohérence de l'ensemble, nous dit beaucoup sur les relations entre nature et culture, telles que nous les vivons et telles que nous les rêvons. Deux passages constituent à mon sens les moments les plus forts : celle où une femme venue du Cambodge raconte comment son rapport quasi charnel à la forêt, né dans son enfance lorsqu'elle était prisonnière dans un camp des khmers rouges, est réactivé par sa fréquentation du bois depuis son arrivée en France ; celle de la nature reconstruite sur les ruines quasiment invisibles, à quelques traces près, du centre universitaire de Vincennes construit après mai 68 et rasé en 1980. Loin de toute sauvagerie, le bois devient la métaphore de notre culture contemporaine... mais il est aussi celui des marges de notre société, de toutes ses marges. A regarder à travers les grilles de lecture que nous fournit l'anthropologie contemporaine, de Lévi-Strauss à Descola...
Vraiment déçu par ce film dont la bande annonce ne reflète pas ce qu'il est, en l'occurrence un film bavard qui ne parvient pas à faire vivre ses personnages autrement que par un déclaratif somme toute très convenu pour un documentaire.
J'en attendais bien autre chose, c'est-à-dire une plongée dans la relation qu'entretiennent celles et ceux qui fréquentent le bois avec justement, ce que sont un bois, une forêt, lieux où se partagent le réel et l'imaginaire. On effleure, sans plus. Les personnages n'existent pas en tant que "personnages du bois" mais en tant que personnes vivant dans le bois, ou le fréquentant. Ce qui n'a rien à voir.
La réalisatrice est selon moi passée à côté de son sujet, si l'on excepte quelques instants (cette femme d'origine cambodgienne qui méritait bien plus qu'un témoignage face caméra). Au final, le film est noyé par l'empathie envahissante et surjouée de la réalisatrice pour les personnes rencontrées, cette sorte de pathos de gauche - comme il existe un pathos de droite - ce qui l'empêche pour le coup d'exister. Ou comment ne pas faire de cinéma.
Quant à Deleuze, il est convoqué à la limite du kitch, alors qu'il y avait tellement plus à faire au vu de l'intention supposée du film.
"Le bois dont les rêves sont faits" me donne au final une impression de manque de travail et de complaisance.
C'est surtout le regard de la réalisatrice qui m'a plu. Elle filme les gens comme on pourrait filmer les arbres. Sans jugement. C'est long, c'est lent et pourtant ce n'est ni long ni lent. Chaque coin de bois, chaque habitant est une découverte. La réalisatrice filme la poésie des gens. Acceptation totale. Elle filme les gens un peu rares. Elle filme notre humanité, celle qu'on croise chaque jour sans même songer que les autres sont si différents de nous. Et le bois les accepte comme Claire Simon les accepte comme nous-mêmes le faisons. C'est magnifique de savoir écouter et faire parler comme ça. Plusieurs fois dans le film je me suis demandé "mais comment a-t-elle fait ?". Cette délicatesse est une surprise sans cesse renouvelée. Et puis, aussi, je me suis souvenue qu'il y avait eu cette université à Vincennes. Elle est devenue un rêve. Comme tous les gens de ce bois qui pourtant existent.
Délicatesse et envoutement ! un film qui emporte dans et hors le temps. Claire Simon est une accoucheuse de mots vrais à qui ses interlocuteurs font confiance avec raison. ça se voit, ça s'entend, ça se déguste. Un documentaire à voir et à revoir pour en saisir toutes les subtilités et les messages sur la liberté, le bonheur, le désir .... et une question "qui et pourquoi s'est on acharné à faire totalement disparaitre la fac de Vincennes, haut lieu de pensées et d'ouverture.
Un film fascinant qui montre ce que l'on ne voit quand on se promène dans les bois. La rencontre avec ces personnes si différentes qui cohabitent pourtant dans cet espace clos, ne peut pas laisser indifférent.