Youpee, décidemment, le cinoche français se porte bien en ce moment! Je n'en ai jamais vu autant, parole!
Thomas Bidegain a transposé le sublime film de John Ford dans notre monde moderne? Oui et non. C'est, d'une certaine façon, le négatif exact de La prisonnière du désert; Kelly choisit de fuir sa famille pour suivre librement son "indien". Quant à la fin des Cowboys, elle peut paraître surprenante mais, en fait, c'est la seule possible.
Le petit monde des amateurs de country. Ils se déguisent en cow boys et dansent au son d'un orchestre folk sur Tennessee waltz.... On y va en famille. C'est joyeux et bon enfant. Et personne ne remarque que Kelly a l'air un peu ailleurs, un peu absent. A la fin de la fête: elle a disparu. Ses parents apprennent le lendemain, en vrac, que depuis quelque temps elle tournait le dos à ses copines, qu'elle avait un petit ami nommé Ahmed -et, en se rendant chez les parents de celui ci ils apprennent qu'Ahmed a également disparu.
A partir de là, c'est la quête folle d'un père, de France en Belgique dans les quartiers les plus glauques et jusqu'au Yémen, donnant de l'argent à des indicateurs véreux, brisant son mariage, se ruinant, c'est l'histoire d'une idée fixe, c'est la saga de tous ceux qui poursuivent un but sans même plus savoir lequel et pourquoi, c'est Moby Dick. François Damiens est formidable. Cet homme blessé mais aussi impulsif, brutal, colérique, incapable de coopérer avec la police n'est pas vraiment sympathique -mais il est grandiose!
Plus grave, il a contaminé son jeune fils, Kid, (Finnegan Oldfield), qu'il emmène souvent avec lui dans ses virées, en en faisant un jeune homme solitaire, peu sociable -et qui à la mort du père va reprendre cette traque insensée, qui le conduira avec une ONG jusqu'au Pakistan dans les zones tribales. Ou il fera équipe avec un vieil affairiste et aventurier américain (John C. Reilly). Tout cela compose la deuxième partie -et la plus longue- du film. Un poil abracadabrantesques, là encore, ces tribulations? Certes. Mais on les suit comme un western....
Sacré beau sujet, non? Je vous le dit, le cinéma français revit. Alleluia!!
Vous me direz: mais, y a les Larrieu qui viennent aussi de sortir leur dernier film? On oublie, on oublie!