C'est l'histoire d'une famille quelque part dans l'est de la France, là où les gens se retrouvent autour d'un festival de Country pour danser, chanter et enfourner des chevaux fous. Disons que c'est plutôt l'histoire d'une tentative désespérée de recomposition familiale. Un couple perd leur fille, à l'issue d'un festival de cowboys, brutalement, même si très vite, ils vont se rendre à l'évidence qu'elle a choisi de s'exiler dans une autre culture, au bout du monde, dans ces pays où le terrorisme moderne est enfanté. Le premier film de Thomas Bidegain est une réussite à beaucoup de points de vue. D'abord, parce que c'est une œuvre particulièrement ancrée dans un contexte historique, venant à point nommé en ces temps troublés d'attentats ou d'élections régionales. Bien plus que le récit de cette famille, notamment du père puis du frère à la recherche de la disparue, le réalisateur recompose la Grande Histoire à l'aune de ces gens, provinciaux, simples, abîmés par la vie, où il est question des terrifiants attentats de New York, de Madrid ou de Londres, et de guerre surtout, celle du Pakistan, du Yémen ou de l'Afghanistan. Le réalisateur rentre à l'intérieur du cœur de ces gens que la disparition de leur fille va meurtrir à tout jamais. Thomas Bidegain restitue avec sobriété, amour et respect, la tragédie silencieuse de ces milliers de familles, confrontées à la disparition d'un enfant. Il réalise un film qui parle du racisme ambiant dans ces régions dévastées par le chômage, il parle de l'incompréhension des peuples, mais il parle aussi d'amour, de beauté, d'honneur, donnant ainsi au long-métrage sa véritable grandeur, comme si, pour le réalisateur, face à toutes ces tragédies du monde, la seule chose qui importait, était la réconciliation des peuples.