Un film de poupée maléfique réalisé par William Brent Bell.
Sur le papier, on ne pouvait pas faire pire...
Alors qu'on était à peine remis de cette infâme purge qu'était "Annabelle", l'idée de voir le réalisateur des pitoyables "Stay Alive", "The Devil Inside" et "Wer" (son meilleur film... pendant 40 minutes) s'attaquer au genre avait tout pour éveiller l'appétit des amateurs de navets horrifiques.
Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, tout n'est pas à jeter dans ce "The Boy"...
Déjà le film démarre plutôt bien. Le malaise de la découverte de la nature de "l'enfant" à garder et le comportement étrange de ces vieillards de parents à son égard arrivent à distiller une petite ambiance angoissante qui ne quittera jamais "The Boy" et qui en fera une de ses principales forces avec l'excellente prestation de Lauren Cohan (on va en avaler des couleuvres grâce à elle).
Mais, le gros problème des films de poupées maléfiques, c'est qu'avant d'espérer voir de nos propres yeux le jouet en action (si c'est le cas), il faut meubler... Et là, William Brent Bell va sortir tout l'arsenal des clichés du genre (mais alors vraiment TOUT, si l'on excepte le jumpscare animalier à base de corbeau ou de chat) en guise de remplissage : les dizaines de "Y a quelqu'un ?" prononcés dans des couloirs sombres d'un manoir, les rires ou pleurs d'enfant venus de nulle part, les plans à la première personne d'un "truc" qui observe, les plans fixes sur le visage de la poupée, l'héroïne qui trouve toujours le moyen de se balader en petite tenue (nuisette ou juste une serviette de bain au choix), les coups du "je-vois-un-truc-trop-flippant-mais-ouf-en-fait-ce-n'était-qu'un-rêve", les nuits où il fait souvent de l'orage, le passé complètement cliché de l'héroïne, un love interest futile avec un beau livreur, des réactions totalement invraisemblables (je passe la nuit évanouie et enfermée dans une pièce mais quand je me réveille, je ne cherche pas à sortir, nan, je regarde tranquilou des veilles photos)... Bref, on pourrait continuer comme ça pendant des heures.
Malgré tout, le petit Brahms (c'est son nom) va susciter beaucoup plus d'intérêt que sa grande sœur Annabelle par ses agissements et surtout par ses interactions avec sa "baby-sitter". La deuxième partie va s'avérer assez prenante au fur et à mesure que les zones d'ombres de son histoire s'éclaircissent. Mais, il y a un hic : le twist final (déjà maintes fois utilisé) se voit venir à des kilomètres à la ronde et, même s'il est bien géré, il ne donne jamais l'ampleur suffisante à ce "The Boy" pour qu'il nous laisse cette réelle impression de "bon film".
Entre son armada de clichés et son twist banal, "The Boy" fait quand même bien mieux que cette saleté d'Annabelle grâce à son ambiance et à son actrice mais il est clair qu'il ne laissera pas une empreinte indélébile dans les mémoires.