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Un visiteur
3,5
Publiée le 2 mars 2019
En noir et blanc, ce film de fiction est presque un documentaire sur le phénomène des hikikomoris, ces jeunes gens (adolescents ou jeunes adultes) qui décident du jour au lendemain de se retirer du monde social, de délaisser leurs études qu'ils ont jusqu'ici beaucoup investies, de ne plus voir leurs amis, et de rester enfermés chez eux, pendant des mois voire des années. Le jeune Hiroshi vit cette expérience de manière très radicale, en s'enfermant dans sa chambre, et le film montre la façon dont la vie de la famille se réorganise autour de cette situation délicate. Ce film en dit long non seulement sur la société japonaise contemporaine, mais aussi sur le malaise qui touche la jeunesse d'aujourd'hui et les bonus du dvd contenant une interview de deux sociologue.et anthropologue françaises permet de mieux comprendre ce que montre le film, un film qui par ailleurs est esthétiquement très réussi.
Le film à un gros soucis : il est endémique de la culture japonaise et, sans explications préalables, il parait tout simplement irréaliste. En effet, comment peut-on penser que des parents vont laisser leur enfant s'enfermer pendant des années dans leur chambre, sans réagir, sans prévenir personne, sans chercher à comprendre, bref, en faisant le moins de vagues possible. Pour nous c'est juste aberrant et incohérent. Passé ce barrage de la culture, le film a un autre problème: son traitement. Le film choisit en effet une approche qui est à l'image des personnages, à savoir transparente. Tout est en dé-cadrage, noyé dans un noir et blanc sans contraste, et le scénario est quasi inexistant, toujours très mystérieux, ne rentrant absolument jamais dans la psychologie des personnages (qui est pourtant le sujet du film) mais laissant le spectateur face à une sorte de documentaire sans aucun commentaire où chacun est libre de penser ce qu'il veut. Bref, le film ne raconte malheureusement rien, le fait de manière très expérimentale en s'attardant trop sur la forme et pas assez sur le fond, et déçoit à tous points de vue, car il traité comme cet enfant par ses parents : abandonné à lui même.
[...] Laurence Thrush désirait avec ce film, coller le plus possible à la réalité. Un pari réussi. Le réalisateur occidental a choisi d’écrire le scénario en s’inspirant de faits et d’expériences décrits par des familles, ne se sentait pas totalement à l’aise face à la culture japonaise. Le noir et blanc délicat accentue la sincérité de la fiction et amoindrit les couleurs criardes des rues japonaises. De L’Autre Côté De La Porte raconte l’histoire d’une famille ordinaire japonaise, perturbée par l’enfermement du fils aîné. Le film se déroule presque entièrement entre les quatre murs de la maison ce qui en fait en même temps un objet cinématographique empli d’émotions. On assiste à des scènes de vie quotidiennes récurrentes. Le repas, rituel de la vie familiale est filmé à répétition, avec un silence rompu par le bruit des assiettes.
Les personnages du film ne représentent pas des individus en particulier, mais plutôt une situation, si bien que la plupart des acteurs sont non professionnels. Le jeune garçon jouant Hiroshi a déjà vécu l’enfermement volontaire, ce qui renforce davantage le propos. Lorsque l’on regarde De L’Autre Côté De La Porte, il y a une certaine distance face à ce témoignage social. Jamais Laurence Thrush n’est intrusif. Les protagonistes apparaissent progressivement dans le cadre et sont parfois même cachés au détriment d’un décor ordinaire : les voitures, les infrastructures de la banlieue japonaise. [...]
L'intégralité de la critique, sur Le Blog du Cinéma
Absolument dans le vrai, va au nerf, composition magnifique & ingénieuse, évite l'inutile et l'esbroufe, c'est tout l'inverse d'un certain navet lamentable sur le Japon, en ce moment à l'affiche.