Le film de Pablo Agüero, découpé en trois parties, mêle habilement des images d’archives, à la pure fiction. Chaque séquence révèle les étapes du long cheminement de la dépouille d'Eva Perón. Une femme qui, de son vivant, fut adorée voire idolâtrée par des millions d'Argentins. Haïe, pareillement, par une oligarchie rétrograde et menacée. Après sa mort, en Argentine, les différents régimes qui prennent le pouvoir n'ont eu de cesse de vouloir effacer toutes traces du péronisme. Celles d'Evita en particulier. "Son poids historique repose plus sur l’introduction du concept de justice sociale que sur son programme politique. Evita m’intéresse en tant que parabole de cette revendication populaire que personne ne pourra faire taire. C’est une femme qui, même morte et disparue, continue de vivre dans les idéaux de milliers de personnes qui l’ont adoptée comme une mère de l’insurrection. C’est le cauchemar vivant des militaires et des néolibéraux.", note Pablo Agüero, récompensé en 2012 par le Grand Prix du meilleur scénariste. Un scénario intelligent, solide et parfaitement écrit qui démontre avec justesse que rien, ni personne, n'a le pouvoir d'effacer un mythe. Les images sont sombres, souvent sinistres. La violence des dialogues donne une force supplémentaire à cette réalisation ténébreuse, singulière et parfaitement maîtrisée. Le casting tout entier est à saluer pour sa justesse. En conclusion d'un interview, Pablo Agüero a déclaré : "Ce n’est pas un film pour ou contre le péronisme, mais un film contre les dictatures, contre le capitalisme sauvage et pour la liberté et l’égalité de droits." Et de rajouter "Ce nouveau film accroît encore plus mon intérêt pour la passion féminine et approfondit ma conviction qu’après des siècles de soumission, nous sommes entrés dans l’ère de la femme."