Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Remi S.
19 abonnés
135 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 21 février 2020
Dés la première scène, Albert Serra nous convie en compagnie de Louis XIV (Jean-Pierre Léaud) à contempler une ultime fois la beauté de la nature et des jardins resplendissants du château de Versailles. C'est la dernière fois que les arbres et la sérénité de la verdure atteindrons les yeux du spectateur et ceux du Roi Soleil. Par la suite et tout au long de cette véritable expérience, *La Mort de Louis XIV* va nous enfermer entre les 4 murs de la chambre magnifique, mais asphyxiante, de Louis XIV. Une chambre où la mort est venu le chercher.
Le temps s'écoule et se savoure au rythme des derniers jours de souffrance de Louis XIV. Les dernières sources lumineuses se puisent sur les bougies éclairants le visage ridé et fatigué du roi Français, et sur les sons des cornes et tambours de chasse que l'on entend vaguement à travers une petite fenêtre. Les proches, les médecins et les religieux se succèdent dans une danse macabre, autour d'un grand lit mortifère, où séjourne un Louis XIV accablé par la fatigue et la souffrance de la gangrène qui le ronge peu à peu.
Albert Serra ne laisse pas de place au sentimentalisme et autres déclarations pâteuse qui rendraient n'importe quelle récit amer. Seuls les visages neutres mais accablés par la vie et sa fin tragique, demeurent maîtres de se ressenti angoissant face à la mort. Comme je le disais plus-haut, *La Mort de Louis XIV* est une véritable expérience. Albert Serra filme la mort en direct, au rythme des derniers mots du Roi Soleil.
Le rythme contemplatif dans la lignée d'une lente chute vers la mort, est servi grâce à une mise en scène magnifiquement impressionnante. A l'image d'un *Barry Lyndon* de Stanley Kubrick, les quelques bougies présentes dans la pièce font office d'éclairage et de raison valable pour ne pas encore tomber dans le sombre mortifère. Chaque plan est une véritable toile digne des œuvres de Raphael. Mais en face de nous, ce n'est pas un ''intouchable'' roi protégé par la grâce et le pouvoir. C'est un simple humain qui tente de se dresser pour une dernière fois face à un spectateur qui ne peut ignorer les souffrances naturelles de l'homme face à la maladie. Une époque aussi où la médecine peine à être efficace et à travers laquelle les médecins de la faculté ne peuvent que s'inspirer pour améliorer la discipline.
Mais Albert Serra le sait bien : il ne s'agit pas seulement ici de filmer la fin de Louis XIV - On parle aussi de la fin d'une ère et d'une légende, Jean-Pierre Léaud. **Dans *La Mort de Louis XIV*, Jean-Pierre Léaud est Louis XIV !** L'acteur est monumental (injustement non-récompensé) et signe une performance dont le profond aspect aspire inévitablement à saluer une dernière fois un immense acteur qui pourras difficilement briller de nos jours.
*La Mort de Louis XIV* ne peut laisser indifférent. Cette véritable grande toile signé Albert Serra nous plonge au coté d'un Louis XIV sur le chemin de la mort.
L'appréciation que l'on porte sur ce film à l'esthétique très réussie tient au point de vue que l'on adopte. Le corps souffrant et mortel du roi est montré avec beaucoup d'empathie et d'humanité. Le raffinement de la mise en scène met en valeur le pathétique de la situation mais aussi la grandeur d'un homme qui observe avec courage sa propre mort. La succession de tableaux qui ne pastichent aucun peintre en particulière (ce n'est ni du Caravage, ni du Le Nain, ni du Velazquez, et pourtant l'atmosphère est troublante et crédible) fait de cette oeuvre crépusculaire une magnifique expérience visuelle, avec des plans audacieux. La manière dont les visages, les attitudes et les décors sont filmés est particulièrement remarquable. En revanche, on peut regretter que la contrepartie de ces choix esthétiques soit la faible prise en compte de la dimension politique de l'événement. Il y avait pourtant place pour enrichir le film en développant les rares allusions au corps politique incarné par le souverain : la Cour qui entoure le roi au moment de sa mort est présentée de manière beaucoup trop réduite alors qu'un moment important de cette longue agonie, rapportée par les témoins, fut justement l'adieu du roi à ses courtisans (ce qui ne peut être ramené à une révérence un peu ridicule telle que montrée dans le film) ; les enjeux de la succession sont au cœur de batailles politiques majeures dont Versailles reçut forcément l'écho ; le discours de Louis à son arrière-petit-fils et successeur méritait d'être davantage mis en valeur et développé car le roi y montra beaucoup de lucidité. On aurait aimé aussi que la vérité historique soit mieux respectée : Fagon avait le même âge que Louis XIV alors qu'il en paraît vingt ou trente de moins dans le film, ce qui modifie tout de même le rapport que les deux hommes pouvaient entretenir, ainsi que leur regard sur la mort. Or cette relation est au centre du film : elle peut même être considérée comme son sujet principal... A l'aune de l'histoire du cinéma européen, cette oeuvre est majeure en ce qu'elle donne à voir l'évolution d'un acteur emblématique et opère une mise en abyme fascinante, depuis la jeunesse turbulente d'Antoine dans les 400 coups jusqu'à la mise en scène de la mort majestueuse du plus grand roi de France. La psychologie des personnages est particulièrement bien montrée, même si elle relève autant de l'invention du réalisateur et de la composition des acteurs que de la vérité historique. Le jeu de Marc Susini qui incarne la valet Louis Blouin est particulièrement remarquable. Reste pourtant un goût d'inachevé : avec un peu plus d'ambition, ce film aurait pu être un chef d'oeuvre réunissant force esthétique, expérience cinématographique... et réflexion sur les relations entre l'histoire et sa représentation.
De toute façon il n'y a pas le choix soit on met 5 étoiles soit on se tire une balle comme aurait sans doute souhaité Louis XIV . C'est là où mes souvenirs de Philippe Garrel et de Jean Eustache m'ont sauvé de l'ennui mortel . Le film n'est pas bavard comme chez Jean Eusrache mais distille son poison mortel . Jean Pierre L'eaud est fascinant , je n'ai pas vu passe les deux heures , cela c'est l'entraînement Merci Jean , Merci Philippe , Merci Jean Pierre et ... Adieu donc .
Si on voit ce film comme un tableau, c'est magnifique mais pendant 2h, on se lasse..et l'on souhaite que l'on en finisse au plus vite, tant pour le pauvre Louis XIV que pour nous, malheureux spectateurs qui peinent pendant la moitié du film pour comprendre les dialogues souvent inaudibles et, après y avoir renoncé, luttent pendant la dernière moitié pour ne pas s'endormir ! A conseiller à son pire ennemi
Si le sujet est sordide et très ciblé, il est impressionnant de constater ce qu'en a fait Albert Serra. Il y a d'abord la prestation d'acteur, évidemment. Mais c'est surtout dans ce que le film montre par les réactions de l'entourage et le jeu de Jean-Pierre Léaud, qui arrive à rendre une telle tristesse qu'on la croirait vrai, que réside bien sûr le véritable intérêt. Louis XIV qui n'est plus qu'une épave, tellement respecté qu'on voit bien dans le film ce qu'il fut, et qui rayonne d'un tel magnétisme que jamais le respect ne faiblit. La tristesse et la solitude d'un homme que les médecins semblent avoir pris comme sujet vivant d'expérience, témoin le mot de la fin, qui fait par ailleurs penser à celui de Que la fête commence de Tavernier. Le film n'est certes pas léger et divertissant, mais c'est une réelle réussite.
Ecrire et réaliser un film sur les derniers jours d'un roi mort dans son lit est un pari particulièrement osé. C'est pourtant le choix d'Albert Serra. Pour se faire, il propose une succession de tableau, à l'image remarquable, portés par la puissance naturelle d'un Louis XIV campé par Jean-Pierre Léaud, dont la prestation remarquable vaut à elle seule le coup. La lenteur des situations et le manque d'action apparente pourraient laisser craindre au spectateur un ennui qui ne vient qu'à de rares reprises, tant le tout est teinté d'une atmosphère de cours en fin de règne et de regrets un brin burlesques des médecins du "Soleil"; spoiler: Fagon, qui n'a pas su détecter la gangrène royale à temps; concluant le film sur un lapidaire "Nous essaierons de faire mieux la prochaine fois".
Je peux faire à ce film des reproches identiques à ceux que je faisais récemment à "Réparer les vivants". Dans les deux cas, on veut trop en dire, trop en montrer, on bourre les films, on les remplit, on ne laisse plus place à rien d'autre qu'à un spectacle et on annihile l'émotion. Montrer tout le processus qui va des premières atteintes de la gangrène jusqu'à l'agonie, la mort et mêmespoiler: l'éviscération du cadavre du roi Louis XIV n'est pas une très bonne idée. Bien sûr, le film offre des scènes intéressantes, on apprécie quelque peu les interventions des médecins et des hommes d'Eglise au chevet du roi, mais voir Jean-Pierre Léaud engoncée sous son épuisante perruque jouer le malade et l'agonisant pendant tout un film, c'est éprouvant. Il n'y a rien de plus mystérieux que l'agonie et la mort d'un homme mais, dans le film d'Albert Serra, il n'y a pas de mystère, il n'y a que du spectacle. 5/10
Nous assistons ici aux derniers jours de Louis XIV emporté par la gangrène. Le film est presque intimiste. Pas de remontée dans le temps de l'époque du Grand Roi. Jean-Pierre Léaud est parfait dans le rôle. Il manque, pour moi, un moment plus fort. Et ce départ du roi a quelque chose de bien ordinaire. Peut-être était-ce voulu?
J'ai trouvé le temps long,mais je n'ai pas passé un mauvais moment.Tout d'abord je trouve que c'est intéressant,même si tout ce que vous allez voir sont les derniers balbutiement (parfois incompréhensibles) et la longue agonie du Roi Soleil.C'est assez particulier comme film,c'est la première fois que je vois un film de ce type,où pendant deux heures,le film ne montre que l'agonie d'une personne. Le film est assez monotone,souvent les mêmes gestes qui reviennent,de longs plans fixes sur une personne,mais ce qui manque c'est l'absence de musique,que l'on entend seulement par bribes. Ce n'est pas un mauvais film,mais trop de défaut et un manque sur la "forme"aurait pu le rendre plus intéressant.
J'adore l'histoire mais là quel supplice... on voit les derniers instants de Louis XIV agonisant de plus en plus dans cette chambre sombre, le ton est lent, tout est lent et j'ai l'impression que certains acteurs surjouent et cela sonne faux...tellement faux. J'ai agonisé avec Louis XIV... on ne m'y reprendra plus.
Film qui ne laisse pas indifférent : avant d'être le récit de la lente fin d'un roi, c'est surtout à l'agonie d'un homme âgé qu'on assiste. Les plans fixes et la bande sonore épurée sont des choix très judicieux. Mais, ils sont toutefois un peu trop long par moment et le son des voix n'est pas toujours audible. J'ai été en partie étonné et captivé (notamment par le parti pris cinématographique) ; mais je crois qu'il aurait été souhaitable d'aborder autrement quelques scènes.
Un film assez pétrifiant de sobriété et de beauté, sur ce qu'est l'image mortifère d'une figure déchue, celle de Louis XIV mourant à petit feu d'une gangrène, Albert Serra filme J-P Léaud sous tous les angles sans que ce dernier n'est limite à faire quoi que ce soit, si ce n'est être ce vieil homme affaiblit alité au milieu de ses sujets. On reste toujours dans cet espace confiné, comme prisonnier d'un tableau aux teints tamisés avec ces portraits figés dignes de Rembrandt, c'est subjuguant. Ce film est un pur objet de mise en scène du début à la fin, avec un rythme soulignant la progression de la douleur, la lenteur de l'agonie, les plans savent prendre le temps et délivrer une sensation authentique, comme si nous étions privilégiés d'être au chevet de ce roi qui meurt, tout en étant témoins de l'impuissance du petit monde qui s'affaire pour apaiser ses souffrances et découvrir le mal qui le ronge. J'ai vraiment aimé cette manière de montrer la fin de vie d'un homme de pouvoir, qu'aucun n'est immortel pour même en devenir presque pathétique, Serra conserve mordicus cette stature d'être supérieur, préservant sa dignité pour le faire boire dans un verre en cristal. Tout y est subtil et jamais dans une logique documentaliste comme dans Le Promeneur du Champ-de-Mars (qui relatait les derniers jours de François Mitterrand) par exemple, ce n'est pas l'intérêt de savoir le pourquoi du comment, d'ailleurs la fin du film sonnera comme un aveu car l'origine de la gangrène n'est même pas dévoilée. Le silence a une place considérable avec simplement une musique venant couper l'aspect diégétique pour mettre en valeur la grâce du masque mortuaire de Léaud, très bien placée d'ailleurs, sans doute un des plans les plus symptomatiques de l'intention du réalisateur. Très beau film.
Très bon film d'Albert Serra. Bien sûr, il faut accepter l'idée de départ : l'agonie du roi Louis XIV. Lieu unique, pas d'intrigue ni de suspens, presqu'un seul acteur (Léaud, génial), peu de décor, une photographie superbe (éclairage à la bougie), pas de musique, sauf à un seul moment approprié, c'est lent, long, c'est voulu bien sûr, car c'est une agonie conforme à l'histoire. La réalité a dû être pire que ce qu'on voit. Original dans le fond comme dans la forme, ce film est une réussite. (vu avec des STFR)
Présenté hors compétition au 69e Festival de Cannes, Jean-Pierre Léaud a reçu une Palme d'or d'honneur pour l’occasion. Il faut dire que le comédien a une très longue carrière derrière lui. Après s’être illustré auprès des plus grands de la Nouvelle Vague, l’acteur nous offre l’un de ses rôles les plus poignants. Car s’il représente un roi tiraillé par la maladie et la vieillesse, Léaud prouve qu’il n’est pas si simple de simuler la longue agonie. 72 ans, c’est le plus long règne de l’Histoire de France. Albert Serra a remonté cet apologue du 9 août au 1er septembre 1715. Toujours dans son lit, avec sa perruque gigantesque, nous voyons défiler ses fidèles et médecins à son chevet. S’ils sont secoués par sa disparition imminente, ils ne se rendent pas vraiment compte que leurs agissements ne sont pas forcément de bons augures pour le mourant. Ainsi, si quelques moments résonnent comme un petit théâtre, on se sent vite gêné par ce trop d’attention. On a parfois envie de crier stop, laissez le respirer, laissez le mourir en paix. Alors qu’en apparence il ne se passe rien, c’est avec bouleversement que nous assistons à La Mort de Louis XIV. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Filmé dans une seule pièce, celui de la chambre, les dialogues et l'interprétation sont exceptionnel, surtout celui de Jean pierre léaud, l'histoire est d'une véracité féroce et d'une dramaturgie évidente. Une longueur plus que nécessaire à ce film pour donner le goût de la d'échéance du roi soleil. Sans une seule musique apart un instant dans le long métrage, et les lumières plus que limité de ses chandeliers propre aux film de Kubrick sur Barry Lyndon donne la clarté et l'obscurité dans les derniers heures du roi tyrannique et monstrueux.