A 31 ans, Le réalisateur Alex Ross Perry fait partie de la nouvelle génération des cinéastes indépendants new-yorkais et on le rattache souvent au mouvement « Mumblecore », spécialisé dans les productions fauchées, quand bien même lui fait appel à des comédiens professionnels. Queen of Earth est son 4ème long métrage et il a été tourné très vite dans la foulée de Listen Up Philip, son film précédent. En tournant ce film en 16 mm, pratiquement tout du long dans un seul lieu et sur une durée de 2 semaines, le réalisateur a cherché à retrouver l’atmosphère de certains films des années 60 à 80, qu’ils aient été tournés par Polanski, Fassbinder, Bergman ou Cassavetes. Challenge difficile pour ce film qu’on aurait aimé aimer. Qu’on aime en partie, d’ailleurs, en particulier pour sa mise en scène et en images qui alterne avec bonheur plans larges et plans rapprochés, plans séquence et champs-contrechamps. Qu’on aime moins pour son petit côté « arnaque » qui consiste, dès le début, à faire croire aux spectateurs, à coup de musique anxiogène (et médiocre!), qu’il va bientôt se passer du lourd côté suspense. On attend toujours ! Qu’on aime moins, aussi, pour le manque de profondeur et le côté artificiel des dialogues, genre « Le problème que j’ai, c’est de revenir toujours à la même situation » ou « Tu peux échapper aux autres mais pas à toi-même ». Toutefois, ce qui plombe le plus le film, c’est le jeu de l’actrice principale (et productrice du film) Elisabeth Moss. qui interprète le rôle de Catherine. Autant Katherine Waterston (dans le rôle de Virginia) arrive à faire étalage de ses sentiments de manière sobre et efficace, autant Elisabeth Moss apparaît comme l’archétype de l’actrice au jeu typiquement américain dans ce qu’il peut, parfois, avoir de pire. Un jeu à base de mimiques, de grimaces, un jeu proche de la caricature et qui, malheureusement, arrive à gâcher des scènes qui auraient pu, qui auraient dû être bouleversantes.