C'est en lisant le roman du même nom écrit par Elvira Dones en 2012 que Laura Bispuri a décidé d’en faire un long-métrage. La réalisatrice s’est passionnée pour l’Albanie et a voulu tourner un film en utilisant une approche anthropologique pour mettre en lumière cette vieille tradition de la vierge sous serment.
Vierge sous serment est le tout premier long-métrage de la réalisatrice italienne Laura Bispuri : "Je me suis battue pour faire ce film, poussée par un immense amour pour l’histoire de ce personnage de Hana/Mark, que je conçois comme une métaphore de la relation entre la liberté des femmes et le monde", explique-t-elle.
Le film base son histoire sur une vieille tradition albanienne où les femmes qui ont choisi de vivre comme des hommes, deviennent des vierges sous serment. Elles s'engagent à demeurer célibataire, et en contrepartie, elles sont autorisées à vivre comme un homme. Elles ont le droit d'avoir un nom d'homme, de porter des vêtements masculins, de posséder une arme à feu, de fumer, de boire de l'alcool, de faire un travail d'homme, de jouer de la musique et de participer aux conversations masculines. Ce fait est surtout visible en Albanie, mais il a aussi pu être observé dans d'autres pays des Balkans.
Pour les scènes se déroulant en Albanie, l’équipe a dû tourner dans les montagnes au nord du pays, à la frontière du Kosovo. Ce massif a été surnommé par les habitants, les Montagnes des Damnés, car elles sont rudes et mystérieuses. Les commerces les plus proches sont à une heure de voiture, mais la plupart des villageois n’en ont même pas et se déplacent encore à pied ou à cheval.
Dans le but de se préparer pour le tournage de son film, la réalisatrice Laura Bispuri a parcouru plusieurs fois les montagnes albanaises à la recherche de ces fameuses vierges sous serment. "J’ai pu rencontrer plusieurs vierges sous serment de différents âges. L’une d’entre elles n’avait que 35 ans. Elle était très dure et disait des choses comme « l’amour signifie la mort pour moi»", commente la cinéaste. D’ailleurs, une authentique vierge jurée est apparue à deux reprises dans le film.
Les deux filles albanaises qui ont interprété les jeunes Lila et Hana vivent réellement dans les Montagnes des Damnés. "Travailler avec elles n’a pas été facile, surtout à cause de la barrière de la langue. Il y avait quelqu’un pour traduire leur dialecte, mais au final, surtout avec la petite Hana, j’ai réussi à communiquer directement. Je ne sais toujours pas comment, mais j’y suis arrivée. C’est une jeune fi lle très émotive, et elle a tout donné sur le tournage. J’adore travailler avec des adolescents, et j’ai une fois de plus eu une belle expérience", explique Laura Bispuri.
Vierge sous serment a été diffusé aux États-Unis lors du festival du film de Tribeca où il a remporté le prix Nora Ephron. Il a aussi fait partie de la sélection officielle de la 65ème édition de la Berlinale où il a été nominé entre autres pour l’Ours d’Or ainsi que pour le Grand prix du jury.