Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Jmartine
167 abonnés
671 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 6 août 2015
Est-ce une comédie ? Une fable ? Un western valaque reprise de l’éternel thème du chasseur de prime ? Un drame ? Un peu tout cela à la fois…Radu Jude nous offre une plongée dans la Roumanie du 19e siècle, plongée en noir et blanc penchant fortement sur le gris…tant les villages sont sordides, les maisons délabrées…on se croirait presque au moyen-âge ou dans un film des débuts du cinéma !!! Deux hommes à cheval, le père brigadier et son fils sont à la recherche d’un esclave gitan qui a commis l’erreur fatale de céder aux avances de l’épouse du boyard, son maître et propriétaire. Chemin faisant, le père fait l’éducation du fils à grand renfort d’aphorismes, de lieux communs et de proverbes, tous fortement teintés de racisme, de misogynie, de xénophobie, le tsigane est un corbeau, mais le summum dans la bouche d’un prêtre orthodoxe rencontré en chemin est le juif, rangé au rang des sous-hommes !!! Le film est terriblement bavard, et c’est toute une gymnastique que de suivre les sous-titres en blanc sur un fond très clair…le langage est cru et imagé mais je doute fort que le « nique ta mère » choisi par le "sous-titreur" soit réellement d’époque !!! Les personnages sont des bouffons plus près de Don Quichotte et Sancho Pança que de Josh Randall …le boyard est ridicule avec son drôle de couvre-chef, hobereaux et hommes d’église propagent la haine du Rom et du Juif… c’est drôle, mordant et cynique, en ce moquant de l’intolérance des hommes de l’époque, le film fait écho à notre présent, et les origines des difficultés d’intégration de la population rom actuelle qui continue à payer le prix fort de la liberté, peuvent s’expliquer par la mise en esclavage de celle-ci, esclavage qui a duré cinq siècles et qui s’est achevé en 1864 . C’est la découverte apportée par ce film, cette réalité d’un passé dont on ne parle pas, et comme le rappelle Radu Jude dans un entretien lors de la sortie du film « la seule façon d’espérer voir s’améliorer les choses est de nous accepter nous-mêmes, d’accepter notre passé avec lucidité et courage ».
Valachie 1835. Un policier et son fils chevauchent dans la campagne roumaine. Ils recherchent un esclave Tzigane accusé d’avoir séduit la femme du seigneur local. Les cavaliers traversent déserts, forêts et rapides piégeux. Sauvage équipée aux allures de western de l’Est ! Si la traque reste l’objectif du pseudo-shérif et de son rejeton, l’intérêt du film est ailleurs. Mais dans les dialogues père/fils et lors des haltes villageoises qui disent beaucoup d’une époque et pas mal de la nôtre… « L’inerte sort du vivant comme le vivant sort de l’inerte»… «Les femmes seront moins châtiées car elles sont stupides »… « Les Tziganes sont-ils des créatures de Satan ou des créatures humaines ? » A grands coups de dictons à la noix, de jugements à l’emporte-pièce et de sentences définitives, le film trotte à l’allure des chevaux. Mais derrière la moquerie de l’obscurantisme d’hier, pointe la dénonciation de nos tares d’aujourd’hui. Notamment notre intolérance vis-à-vis des minorités. Aferim est donc mieux qu’une simple fable picaresque, truculente et paillarde. Et on aurait tort de moquer des vacheries de cette Valachie. Grâce à la vivacité des dialogues et une mise en scène soignée, rehaussée par le choix du noir et blanc, le film de Radu Jude est assez réussi du point de vue formel. On peut surtout le trouver marrant ou y rire jaune, c’est selon. Une double détente qui signe son originalité.
4 520 abonnés
18 103 critiques
Suivre son activité
1,5
Publiée le 13 février 2021
Je suis un spectateur assez ouvert et aventureux. Avec ce noir et blanc prétentieux ça ne marchait pas pour moi. L'humour sec et subtil est mon truc mais les ironies d'Aferim ne sont pas du tout divertissantes car il nous montre une existence historique sinistre. Le film aurait pu être plus cruel sans que l'on ait l'impression qu'il est exagéré. La décision de faire ce film en noir et blanc aurait pu être de montrer les temps sombres de cette histoire. Les décors et les paysages sont superbes mais je regrette de ne pas pouvoir les voir en couleur. Un potentiel a été gâché avec l'histoire. Dans l'ensemble je pense que ce film avait un grand potentiel qu'il reposait sur une idée solide mais à la fin on obtient un film fade. Il ne vous fait pas réfléchir et c'est très loin d'être un chef-d'œuvre...
Noir et blanc et absence de musique pour donner l'impression de plus d'authenticité documentaire.Le film n'est pas aussi bavard que l'on veut bien le dire; c'est une impression que provoque le sous-titrage mais j'ai pu suivre facilement en profitant des images.De toute façon, les dialogues s'inspirent d'écrits historiques et littéraires et il fallait bien les caser en 1h48.L'humour à mes yeux découle surtout du décalage entre l'époque contemporaine de l'histoire et le style de vie très moyennâgeux des personnages (mises à part les uniformes et armes à feu).L'ambiance villageoise et festive est rendue de façon réaliste.
Avec un humour noir ravageur, Aferim raconte, dans une épopée de la bêtise crasse et de la lâcheté, la Roumanie du 19e siècle, esclavagiste, raciste, inculte, corrompue, superstitieuse. Mais ce récit en noir et blanc et en costumes d’époque et de dérision, qui pourrait être une légende, parle aussi de la Roumanie d’aujourd’hui.
wouahh ! je ne croyais pas que ce film de presque deux heures, en noir et blanc, en VO roumaine, me captiverait à ce point. Après la première partie un peu difficile ( il faut se mettre dans l'ambiance), le récit se construit implacablement et la mise en scène est magistrale. Et l'image, étonnante. Un très beau moment de cinéma qui (enfin) ne ressemble à aucun autre.
Notre cinéma nombriliste ne s'intéresse que trop rarement à cette région, et encore moins à cette époque pas si lointaine, et pourtant tellement barbare. Rien que pour ça ce film vaut le détour. Sujet oh combien douloureux que celui des Balkans, cet imbroglio de peuples qui se sont toujours côtoyés sans s'entendre, croisés sans se comprendre, mélangés, jalousés, détestés. Ce film a le mérite de nous éclairer sur l'histoire -sordide- des tziganes, de nous rappeler les légendes qui ont toujours légitimé la haine des juifs, de nous dépeindre une époque jamais traitée par ailleurs. Les images sont très belles, magnifique noir et blanc. Les dialogues sont pour le moins fournis, imagés ! j'aurais aimé parfois des instants de répit, afin d'apprécier pleinement les décors.