Elle s'appelle Dorothea, elle est née dans les années 1925, et elle approche aujourd'hui les 55 ans, en pleine tourmente culturelle et sociale des années 70 aux Etats-Unis. Tourmente relative, car elle se projette sur un futur contemporain, le nôtre, et raconte un monde qui ne serait plus le même sans l'Internet, les téléphones mobiles, la consommation à outrance, etc. "20Th Century Women" est une grande éducation sentimentale version US, dans la ville de Santa Barbara où il est difficile à la fois d'être une mère célibataire, une femme libre, dans un contexte où les modèles éducatifs, politique, sociaux, changent et le monde avec. Finalement, ce film nous rappelle peut-être que la modernité a commencé avec les grandes crises pétrolières qui ont instigué des référentiels nouveaux de pensée, de sexualité et de place des acteurs dans la société. Le film peut paraître brouillon. En vérité, le scénario est taillé au ciseau. Tout est prévu, ordonné, clair, et il faut attendre la fin du film pour mesurer le monstrueux travail de mise en scène, d'écriture et de montage à l'œuvre. La reconstitution des décors qu'ils soient intérieurs ou extérieurs, est bluffante, tant les détails comme les appareils ménagers, les tourne-disques, les costumes, les décorations etc. plongent le spectateur dans une période finalement assez éloignée, voire oubliée, mais toujours très présente dans nos inconscients collectifs. Le rythme, les dialogues font penser à un film de Despléchin à la façon américaine, tant le point de vue cinématographique se mêle à la densité des dialogues et à la littérature. "20th Century Women" raconte l'histoire d'un féminisme qui se réinvente. Il raconte aussi l'histoire d'un siècle, à travers ses gens et ses espoirs, ses enfants et ses adultes, ses illusions et ses malheurs. Bref, il raconte le cinéma dans toute sa splendeur.