S'il faut en croire son affiche, et son titre ambitieux, 20th Century Women est "Une célébration des femmes comme pionnières, piliers, modèles." Ce n'est pas entièrement faux mais le caractère féministe du film de Mike Mills est plutôt doux et le vrai sujet, à n'en pas douter, est plutôt celui de l'éducation d'un adolescent par une mère célibataire fan des Talking Heads (elle a bon goût), à la fin des années 70, à une époque qui n'est pas loin de marquer la fin d'une certaine insouciance, avant le Sida, Internet et le téléphone portable, entre autres. Question de transmission, donc, entre une mère émancipée mais inquiète (et seule) et un fils qui pousse dans un milieu, c'est vrai, très féminin. Le film ne manque pas de charme mais il a l'inconvénient de ne pas avoir une intrigue bien charpentée et pâtit surtout d'une mise en scène molle qui se contente d'enregistrer de longs dialogues, parfois mais pas toujours drôles, et de partir à l'occasion dans de petits délires clipesques (Mike Mills vient de cet univers) sans raison valable si ce n'est pour accompagner des voix off un peu trop envahissantes. L'aspect autobiographique de 20th Century Women et son traitement quelque peu littéraire ne sont pas en soi un défaut majeur mais le talent de Mills comme cinéaste reste fort sujet à caution tant il peine à traduire en images ses intentions. Annette Bening ne démérite pas, les autres interprètes non plus, mais Greta Gerwig, l'égérie de Noah Baumbach, vue récemment dans Jackie, n'a aucun mal, dans un rôle d'extravertie, n'a aucun mal à dominer le film de la tête et des épaules. Elle apporte le petit grain de folie et d'ivresse qui manque cruellement par ailleurs au film.