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FaRem
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3,0
Publiée le 16 janvier 2016
"Quand tu as faim, mange ta main et garde l'autre pour demain" Voilà ce qui arrive quand on prend au pied de la lettre certaine expression... Non plus sérieusement, "Eat" est un film vraiment étonnant qui parle un peu de tout que ça soit du milieu du cinéma où il n'est pas facile de se faire une place ainsi que d'amour, d'amitié et des difficultés de la vie en général tout ça en ajoutant pas mal de gore avec cette jeune femme qui lorsqu'elle est anxieuse se voit en train de se manger ce qui finit par arriver. C'est un peu fouillis, je ne sais pas quelles étaient les intentions du réalisateur, mais ce qui est sûr, c'est que c'est captivant du début à la fin. La réalisation est parfois limite, ça sonne un peu faux durant certaines scènes, mais Jimmy Weber se rattrape comme il faut avec de très bons effets gores puis l'actrice principale s'en sort vraiment bien donc ces deux derniers points, nous font oublier les quelques manques ce qui donne une bonne petite surprise.
C'est vraiment très bien à tous points de vue. Le gore est amené perfidement, le jeu des acteurs est bon et on se laisse emporter vers une empathie grandissante pour cette girl next door qui s'auto-consume. La photo et la bande son sont également à souligner.
Ce que j'aime être surpris de la sorte avec des films, notamment lorsqu'il s'agit de premier métrage de jeunes réalisateurs qui n'ont pas peur du tout d'oser jouer la carte du politiquement incorrect. Toute première incursion dans la planète cinéma du jeune Jimmy Weber, "Eat" commence très fraîchement par un générique très « girly » qui laisse présager la tranche de vie féminine la plus banale qui soit; et ce n'est pas la suite qui pourrait nous faire penser le contraire. On nous présente alors Novella McClure, une jeune comédienne trentenaire parmi tant d'autre qui ne rêve que d'une seule chose : percer à Hollywood. Malheureusement pour elle, rien ne va : elle n’a pas décroché un seul rôle potable depuis trois ans, elle commence à vieillir vis-à-vis des jeunettes qui arrivent sur le marché et son nom à consonance de pseudo d'actrice porno ainsi que son style « rose Barbie blonde peroxydée » n'arrange en rien ses affaires. Rajoutons à cela un compte en banque s'affichant débiteur depuis que toutes ses économies ont fondues, des loyers impayés qui s'accumulent, une vie amoureuse proche du néant et des moments de détentes pathétiques...bref, voilà ce que l'on appeler sans détournement une belle vie de merxxx ! Et comme pas mal de personnes dans le monde, notre héroïne a la bien mauvaise habitude de se rogner les ongles et la peau autour des doigts lorsqu'elle stresse grandement. Et c'est à partir de ce petit détail que le film va basculer en nous proposant un traitement aussi inattendu et original que radical et malsain : notre jolie blonde ne va malheureusement pas se contenter de simplement se mordiller le bout des doigts et va carrément sombrer dans l'anthropophagie la plus primale. Voilà donc une jolie façon de faire de l'horreur originale en ancrant cette dernière dans la réalité et en poussant à l'extrême une chose fréquente et quasiment insignifiante en temps normal...et je ne vous cache pas que ce film a réussi un bien joli exploit car il y avait longtemps que je n'avais pas été aussi retourné par des scènes aussi trashs : non content de jouer la carte du gore écœurant, les scènes de « dégustation » sont aussi réalisées de façon déconcertante en utilisant un effet sonore violent très strident ainsi qu'un montage chronologique brisé, cela ayant pour force d'accentuer leur ignominie et de nous provoquer un malaise prononcé...du très bon boulot : je vous jure que plus jamais je ne pourrais m'attaquer à mes doigts sans penser à "Eat" !! Alors certes, c'est bien craspec, mais il ne faut pas oublier le thème principal du film : le mal-être et la déchéance personnelle, car oui, avant d'être un film d'horreur, "Eat" est avant tout un drame social touchant car on peut comprendre et partager le malaise profond de la jeune femme, on espère même que ce dernier finira par disparaître car on croit toujours que tout peut s'arranger...spoiler: mais avec un certain nihilisme presque pudique, Jimmy Weber va nous achever avec un final rempli de désespoir. "Eat" est donc une belle petite surprise pour un film indépendant : il qui parvient à se démarquer du lot car il parvient habilement à contourner le traditionnel genre du « film de cannibales » en proposant une histoire capable à la fois de vous retourner l'estomac tout en vous chamboulant par son côté dramatique. Porté à bout de bras par son actrice principale (le visionnage du film vaut le coup rien que pour la prestation impressionnante de Meggie Maddock !) et bien desservi par le talent de son jeune réalisateur, il est l’exemple parfait qu’avec peu de moyens mais avec de bonnes idées, on peut toujours se débrouiller pour accoucher d’un résultat plus qu’honnête. Monsieur Jimmy Weber, vous êtes prometteur et il va de soi que je vais m’intéresser avec minutie à la suite de votre carrière.
Il est très difficile de ne pas faire un rapprochement entre Eat de Jimmy Weber et The Neon Demon de Nicolas Winding Refn tant la thématique, les personnages se rassemblent étrangement... une jeune fille qui souhaite percer dans le domaine du mannequinat et du cinéma (finalement devenir un produit de consommation visuel) mais qui, confronter à de grandes difficultés, va s'autodétruire pour devenir l'idéal qu'elle souhaite devenir. Evidemment, nous retrouvons derrière ce choix une envie de critiquer la société actuelle et notamment, les dérives du paraître. La surprise étant que je ne serais pas étonnée que Nicolas Winding se soit inspiré de l'oeuvre peu connue de Weber. On ne peut le nier, ce dernier offre une fondation confortable pour dresser une vision plus personnelle du milieu très fermé des strasses et paillettes. Avec seulement 3 ans d'écart, pouvons-nous crier au plagiat de Refn sur Weber ? Ce ne serait pas son premier méfait. Pourtant, The Neon Demon gagne des points sur son aîné car il draine derrière un propos plus mature, avec plus de confiance et lui donne une dimension personnelle distincte. Eat ne dispose pas des ressources nécessaires à la hauteur de ses ambitions. Et reste, tapis dans l'ombre, un essai autour de cette question. Sans forcément être démuni de charme, Eat offre un divertissement convaincant pour une foule en soif de gore et de femmes victimes devenues bourreaux. Mais, mais, c'est tout. Les problématiques en lien avec ce sujet restent inexploités et confuses. Quel dommage !
Le plus gros problème peut être de Eat et qu'il n'y a absolument rien de spécial à propos de Novella (qui est un nom de scène terrible). Rien pour la rendre inoubliable ou pour nous de sympathiser avec son échec. Principalement parce que Madock est à peu près aussi mauvaise actrice que son personnage à l'écran. Quoi qu'il en soit, apparemment sa condition de manger de la chair vient de sa faim de et son manque d'argent. Je suis sûr que Eat a son public quelque part, et si l’aspect gore est important (il a ça pour ça), il a très peu d’autre qualité. Ou peut-être que ça en vient à me dépasser, mais ce n'est certainement pas mon genre de film. J'ai lu dans une autre critique d'un internaute que ce "truc" avait inspiré Nicolas Winding pour son The Neon Demon, en effet on retrouve l'aspect clipesque érigé en art cinématographique. De plus les deux navets traitent du même sujet les "fashion victimes". On se demande alors lequel des deux films atteint le plus le summum de la médiocrité ??? Personelement je pencherai pour le film de Winding !
Etant moi-même autophage (à bien moindre mesure, je vous l'accorde), et rêvant de travailler dans le cinéma, c'est sans peine que je me suis identifiée au personnage principal. J'ai beau aimer le gore, j'ai trouvé ce film malsain et malaisant au possible. Néanmoins, c'est vraiment très triste d'assister ainsi à la chute de cette femme. C'est triste et touchant, l'actrice principale joue avec une finesse exemplaire (pas de surjeu, ce qui fait que certains pourront dire qu'elle est parfois fausse, même si ce n'est pas le cas, au contraire), et la qualité des images est exempt de tout reproche. Nous pouvons également noter le choix judicieux de la musique. La symbolique de la dernière scène est également très forte. Ni trop long ni trop court, Eat est un bon film pour les amateurs de gore et les psychanalystes en herbe.
Je préfère vous prévenir cependant : ce film est destiné à un public averti !
Voilà une excellente surprise qui nous propose un spectacle décalé basculant dans le gore écœurant extrêmement bienvenue. Original et bien fait, cela fait du bien de voir du renouveau dans le cinéma d'horreur !