Le plus appaisé des Zulawski. Pourtant pas un film "calme", aimable, bien élevé ! Plein de fulgurances, de prises de risques, jouant avec la grammaire du cinéma, osant, se mettant en danger, interrompant sa narration linéaire pour rejoindre des intrigues parallèles pas évidentes au 1er coup d'oeil... Parfois lent, parfois frénétique. Mais le plus souvent juste, émouvant.
Deux films en un. Un reportage sur Sophie Marceau, jamais aussi profonde, délicate, humaine que dans ce rôle, par l'homme qui vit avec elle et la regarde comme personne. D'où il ressort le cheminement d'une jeune femme droite, digne, courageuse et exigeante, qui va au bout de ses principes et de ses émotions. Le film la suit avec un infini respect, la plongeant au coeur d'une intrigue complexe, où tout le monde autour d'elle gesticule, alors qu'elle avance avec l'assurance calme de ceux qui s'acceptent. De ce 1er film l'actrice ressort métamorphosée. C'est son plus beau rôle.
Un second, plus difficile sans doute mais tout aussi passionnant, dresse à travers le spectacle des médias un tableau sans doute noir mais visionnaire de la civilisation du vulgaire. Comme l'antithèse du 1er film. A l'héroine doutant d'elle même mais assise sur de beaux principes de vie, le "2e film" oppose la glauque suffisance des nantis de l'information, copulant entre unes à scandales et jeux de manipulations.
Jamais démonstratif, Zulawski lance les deux films l'un contre l'autre et agite le tout. Le résultat, surprenant, est tout sauf consensuel. Il donne indéniablement un "spectacle" qui ne ressemble à aucun autre, porté par un style incandescent.