A sa façon, 14 ans, premier amour, est une rareté. Un film russe positif, sans noirceur ni déterminisme social et presque pas de vodka, remplacé par de la liqueur de cerise (sic). Au demeurant, le film d'Andreï Zaïtsev était réservé au marché russe, où il a d'ailleurs fait un tabac, et il a fallu la curiosité d'un distributeur français, qui l'a déniché sur youtube, pour qu'il sorte de ses frontières. Dans une combinaison de salles restreinte, c'est entendu, 20 fois moins qu'Alien : Covenant, mais c'est mieux que rien. Plus proche de West side story que de Roméo et Juliette, cette romance dans une triste banlieue moscovite sublime l'émoi amoureux et décrit le passage erratique de l'enfance à l'adolescence. L'originalité n'est pas le fort de 14 ans, premier amour, mais c'est son traitement délicat et pudique, dans un environnement prosaïque et vulgaire, qui retient l'attention. Sur fond de réseaux sociaux (la presque totalité du casting en est issue) et de musiques très diverses et pas toujours attendues, qui sont en très grande partie le choix des deux jeunes interprètes principaux (Gainsbourg est de la partie). Alex et Vika, les deux héros du film, se construisent une bulle protégée de la laideur du monde. Il y a de la tendresse, mais pas de niaiserie. Zaïtsev n'a pas eu l'ambition de tourner une grande fresque. Son propos est modeste mais la pureté de ses sentiments est un bain de jouvence.