Avec The Boss, Melissa McCarthy s’invente un nouvel avatar comique à explorer, celui d’une richissime femme d’affaires contrainte, suite à un scandale judiciaire, de rebâtir son empire depuis le début. Que ce soit son époux, Ben Falcone, qui passe derrière la caméra pouvait nous laisser présager le meilleur – Life of the Party – comme le pire – Tammy. Force est de constater que nous sommes du côté de Tammy, tant l’ensemble échoue à surprendre et applique un cahier des charges balourd et artificiel. Aussi le personnage campé par McCarthy s’avère-t-il monolithique, enfermé dans une caractérisation initiale qui se subordonne à une intrigue très maigre et au comique stéréotypé, orchestrant d’abord la rencontre entre deux personnalités opposées – en forme de buddy movie – pour mieux ensuite mettre en scène leur séparation et enfin leurs retrouvailles. Or, la prévisibilité du récit handicape sérieusement le potentiel de McCarthy, que seul un cinéaste comme Paul Feig réussit à diriger : les longs métrages de ce dernier prennent soin à la fois de délimiter un champ d’action et d’offrir à leur actrice emblématique une vaste palette de jeu dans ce même champ, un jeu axé sur un thème et des variations. Ben Falcone, lui, laisse carte blanche à son épouse, créditée également à l’écriture et à la production ; en résulte une impression de n’importe quoi qui prend le pas sur le divertissement, de l’ouverture abracadabrante au cambriolage ridicule et vulgaire. L’antagoniste samouraï n’est guère crédible et contraint l’ensemble à tomber dans un vulgaire outrancier et gratuit. Quelques réussites locales viennent émailler cette production indigeste : l’initiation de jeunes collégiens à l’art de faire des affaires, un combat entre scouts et industriels du brownie, une séquence improbable dans la fausse famille d’Ida Marquette – interprétée par Kathy Bates. Sans oublier le charme de l’actrice principale, qui parvient une fois encore à nous faire rire, mais dont l’immense potentiel comique est ici sous-exploité, mal exploité. Dommage.