Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Un visiteur
3,5
Publiée le 19 mai 2016
Julieta n’a plus revu sa fille depuis douze ans. Quand Antia a décidé de faire retraite au fin fond des Pyrénées, pour vivre une nouvelle vie où il n’y a plus de place pour sa mère. Inexplicable disparition. Et puis un jour à Madrid, elle tombe sur la mère de l’ex- meilleure amie de sa fille qui dit l’avoir aperçue en ville… Pour faire le lien entre l’enfance et l’absence qui permet de revenir sur les traces de leur passé, Julieta tient un journal. Deux âges, deux visages, mais peut-être un même sentiment de culpabilité entre mère et fille. Le dernier film d’Almodovar est un drame au parfum de mystère. Avec quelques morts en chemin, comme autant de petits cailloux menant à la mélancolie. Un voyageur dans le train qui se suicide, puis un grand amour de marin pêcheur péri en mer. A chaque fois à la suite d’une réflexion maladroite de sa part. Une amie-sculpteur et sa mère que la maladie emporte… De quoi nourrir un curieux sentiment de faute. Le trouble est accentué par les non-dits familiaux et cette fille dont : « l’absence remplit ma vie et la détruit », écrit-elle. Des couleurs chaudes et des décors flamboyants ; ces trains qui filent de la mort à la vie ; les portraits de femmes intranquilles ; la passion des belles actrices, comme Adriana Ugarte et Emma Suarez qui jouent Julieta trentenaire puis quinqua… Les grands fantasmes du réalisateur sont de retour dans son dernier film. Un opus sombre et douloureux. Morose, mais sans mélo. Parfois un peu narratif et sans la respiration qu’aurait pu apporter l’humour. Même sans emporter l’émotion, Julieta reste un bon Almodovar.
Almodovar n'est pas un réalisateur que j'apprécie habituellement. Mais c'est vrai que les derniers films que j'ai pu lui voir sont pour le moins intéressants. J'aime beaucoup cette manière qu'il a de créer du mystère, l'ambiance qui se dégage de ses films, le tout avec des personnages forts et beaucoup de psychologie, mais parfois il a tout de même tendance à être trop démonstratif, je veux dire qu'il expliciter ce que les personnages pensent et c'est dommage. En revanche lorsqu'il ne le fait pas on a la scène du train par exemple qui est juste génial d'autant plus qu'elle n'est pas nécessaire à l'intrigue. Après Almodovar on finit par le connaître, on voit toujours un peu le même film et il faut aimer ce qu'il fait ce qui n'est pas mon cas mais j'admets qu'il est bon. Alors on trouvera des femmes, des relations mère-fille conflictuelles, des couleurs chaudes et froides rouge/jaune contre bleu/gris, des références picturales, des problèmes identitaires, du féminisme, du mystère, du cul, des morts, il ne manque plus que les travestis et on aurait eu tous les poncifs du réalisateur. Cette diversité des thèmes, comme celle des registres et des genres rendent le tout plutôt passionnant même si parfois on peut rester déçu que le film soit trop réservé et qu'il ne tombe pas dans un pur délire à la Volver. Disons qu'il manque un je-ne-sais-quoi toujours chez Almodovar pour qu'il m'emporte complètement. Le mélo n'est jamais larmoyant ça aussi c'est une bonne chose et le mélange des genres est bien dosé. Alors franchement pourquoi bouder son plaisir ? On a ici un très bon film alors je dis oui.
Le grand Pedro Almodovar est de retour avec un film qui lui ressemble davantage que ces derniers en date. Un peu comme Woody Allen qui avait délocalisé ses films il y a quelques années, en passant de New York à un tour d’Europe, le maître espagnol avait tenté des incursions dans d’autres genres avec moins de succès public cependant. « La piel que habito » voguait avec le thriller fantastique quand « Les Amants passagers » se rangeait du côté de la comédie pure et burlesque. Pas forcément ratés, ces films ont divisé et Almodovar s’est certainement senti le besoin de revenir aux fondamentaux de sa période dite de de la maturité, où règnent le mélodrame et les passions, comme dans « Parle avec elle » ou « Étreintes brisées ».
Et s’il y a un domaine où il s’améliore de film en film, c’est bien la mise en scène. Élégante et feutrée, celle de « Julieta » brille par sa beauté et place le long-métrage dans ceux où l’esthétisme confine au sublime. L’écrin est somptueux, chaque plan est soigné et réfléchi. La scène où on passe de la Julieta jeune à celle plus âgée - et donc à un changement d’actrice - fera date par son ingéniosité faite de simplicité. Un véritable coup d’éclat. Quant au plan où l’on voit un cerf courir après un train, il est juste d’une beauté sauvage et irréelle. De même le cinéaste parvient à nous intriguer une heure et demie durant grâce à un montage malin et une chronologie parfaitement maîtrisée. Le mystère qui enveloppe le film est palpable et parfaitement retranscrit. Les obsessions récurrentes qui jalonnent sa filmographie sont toujours présentes entre sa passion pour les femmes ou les voies du destin.
Pourtant, il manque quelque chose pour que ce retour aux sources soit aussi réussi qu’espéré. On n’est jamais vraiment certain de ce que le réalisateur a voulu nous dire avec son dernier film. Est-ce un film sur la culpabilité ? Sur le manque et l’absence de ceux qu’on aime ? Sur l’inéluctabilité des choses ? Ou peut-être tout ça à la fois… Le propos est soit obscur soit trop disparate. Et la fin, beaucoup trop abrupte, confirme ces impressions en nous laissant sur le carreau. Ce qui engrange un énorme sentiment de frustration. Comme s’il manquait des scènes au film ou que le metteur en scène n’avait pas assez creusé son propos pour le clarifier. Et s’il évite de sombrer dans le pathos pour son mélodrame, l’émotion reste peut-être un peu trop en surface. Trop de pointillés pour un film qu’on aurait aimé apprécié davantage…
Julieta est un bon film sur tous les plans, qui nous présente une jolie histoire à la fois triste et sentimentale et devrait plaire au public comme il a plu à la presse. Néanmoins c'est, à mon avis, un Almodovar bien raisonnable, un peu trop pour moi. A titre personnel, je lui préfère ses œuvres un peu plus débridées et originales, limite étranges - c'est ce qui fait leur charme - comme Parle avec elle ou Talons aiguilles.
On a su pardonner à Pedro Almodovar d’avoir réalisé une œuvre, plus pour retrouver tous ses amis, que pour le public en 2013. Car jusqu’à présent, le plus grand cinéaste espagnol n’avait fait aucun faux pas. Trois ans plus tard, il revient avec Julieta, nommé en compétition officielle à Cannes 2016. Nous retrouvons ici tout ce qui nous séduit chez Pedro, c’est-à-dire les couleurs, les musiques, la tonalité des voix, les flash-backs, les sentiments qui se décuples, mais surtout, la place et la mise en abyme d’une ou plusieurs femmes. Le cinéaste parle souvent des mères et s’il l’avait fait superbement dans Tout sur ma Mère, il propose ici une œuvre moins poignante et originale. En naviguant dans le temps et en changeant d’actrice pour interpréter le même rôle à travers les âges, Julieta nous laisse moins de temps pour nous attacher et être pris d’émotion face à cette femme qui n’a pas vu sa fille depuis plus de douze ans. Pourtant la construction de l’histoire est ingénieuse et se sert d’éléments anodins, comme une statue ou une photo arrachée, pour nous aider à replacer le contexte. Ambiance très sobre, le film ne se sert que de Rossy De Palma pour nous faire sourire jusqu’aux oreilles. Julieta est un film sur l’absence à travers les années. On comprend alors pourquoi la mise en scène est froide. Mais plus cette distance est assumée, moins les blessures de Julieta nous touche. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Adieu l'Almodovar joyeux, loufoque, novateur, (re)passons à l'Almodovar rempli d'une profonde tristesse et de nostalgie, amertume....(vidé quoi) si j'était lusophone le mot qui viendrait à ma bouche en sortant du ciné serait saudade. Bien exécuté, néanmoins la pléiade de "filles Almodovar" ne sont pas à la hauteur des précédentes. Le sujet de l'absence inexpliquée, si cher au cinéaste, n'est pas ici si bien développée que, par exemple, dans "Volver". Je pense qu'Almodovar décline depuis. Dommage.