"Les Malheurs de Sophie", ce roman célèbre de la comtesse de Ségur, a semble-t-il séduit Christophe Honoré qui ainsi s'en est amusé, en réalisant un film espiègle et pétillant comme l'est aussi l'héroïne Caroline Grant, petite brune bouclée aux yeux noirs, vraiment unique et d'une aisance incroyable dans son interprétation.
Le cinéaste apporte sa marque de fabrique, détourne ou s'arrange des codes sacrés en vigueur par rapport à l'image ancrée dans la tête de ceux qui ont été bercés par le roman...
Prise de risque, justifiée, bénéfique ou pas ?
C'est en tous cas léger, frais, innovant souvent, déroutant parfois, mais toujours d'une justesse de jeu impressionnante au niveau des petits comédiens sur qui repose cette réalisation, et qu'a su diriger à la perfection Christophe Honoré !
Ça coule extrêmement bien, on est séduit jusqu'au cou par l'allégresse de cette petite troupe vaillante et adorable, que malmène tant bien que mal la délurée Sophie.
Par contre, c'est moins brillant côté adulte, aussi bien pour la mère de Sophie, Golhifsteh Farahani qui compose trop son rôle, que pour la belle-mère jouée par Muriel Robin.
Trop âgée cette dernière joue davantage sur ses expressions habituelles et ne fait pas passer toute la méchanceté larvée qui s'installe sur le temps et que Sophie endure, ce que l'on ressent d'ailleurs fort bien dans le livre, et ce point plus qu'important était pourtant essentiel ici...
Tandis qu’Anaïs Demoustier est elle, plus dans le ton et l'esprit du conte.
C'est d'ailleurs à ce niveau que les libertés prises dans cette adaptation (en plus du mélange des livres et du changement d'époque), pourront déranger l'amateur pur et dur de la Comtesse de Ségur qui sommeille en beaucoup d'entre nous...
Adieu cheveux raides et blonds, marâtre odieuse qui a tant fait pleurer Sophie et ses lecteurs.
Sur ce point, on pourra regretter ou pas, mais il n'en reste pas moins que rien que pour la présence magique de ces enfants, leurs rires édentés et leurs histoires, leur danse finale et leurs mimiques, on peut sans souci franchir le pas et entrer dans le monde de Sophie, revu et corrigé par Christophe Honoré dont la mise en scène, délicate, truffée de trouvailles est, il faut le reconnaître, pleine de poésie.