Un film sur un sujet passionnant, gâché malheureusement par une mise en scène chichiteuse. Le sujet, il est simple, vrai, réaliste: comment une famille qui a tout pour être heureuse, qui est unie, qui s'aime, peut elle se retrouver proche de l'implosion parce que un des éléments de la fratrie est un coucou, un boulet, un psychopathe (paranoïaque?) pas directement dangereux d'ailleurs.
Pourquoi le réalisateur belge, Antoine Cuypers, a t-il cherché a créer une atmosphère de thriller? d'inquiétude? Pourquoi cette musique digne d'un film d'horreur? Pourquoi ce procédé exécrable qui tend à se répandre depuis Le fils de Saul (on focalise sur le sujet et le reste de l'image est complétement flou....). On a l'impression d'entendre à chaque séquence "moi je fais des films d'auteur, Môssieu, et pas de la télévision..."
Le film est complètement porté par Nathalie Baye, (comme, récemment, Charlotte Rampling portait 45 ans...) Qui osera dire encore qu'il n'y a plus de beaux rôles au cinéma pour les femmes de plus de cinquante ans? Elle est cette mère courage qui a consacré sa vie au coucou, incapable d'exister par lui même, et elle arrive au bout de ses forces. Au bout du rouleau. Elle n'en peut plus. Elle n'arrive même plus à être sûre de toujours aimer son fils. Et puis, celui ci s'est mis dans la tête de faire un grand voyage, en Autriche, depuis qu'il a eu un superbe poster de montagne, toute sa chambre est occupée par des documents touristiques, et chacun trouve commode de l'entretenir dans ses illusions, sauf la mère qui a le courage de dire que, non, c'est inenvisageable.... Le père, lui (le chanteur Arno, Arno Hintjens) s'occupe de lui.... on le voit dans la première séquence lui couper les cheveux, lui préparer son bain, mais on voit aussi qu'il est absent, qu'il préfère le plus souvent être seul, à bricoler dans son jardin.
C'aurait du être une belle journée. La famille se réunit dans une jolie maison de campagne; il y a la fille, Caroline (Ariane Labed) et son mari (Eric Caravaca), et puis la femme vietnamienne du fils aîné, Cyrielle (Cathy Min Jung) et son petit garçon Nathan. Caroline vient d'apprendre qu'elle est enceinte, et elle est heureuse! Elle veut partager son bonheur avec tous ceux qu'elle aime.
Mais voilà, il y a Cédric (Thomas Blanchard). Dans les fratries de trois, il y en a souvent un (et souvent le numéro 2) qui se met dans la tête qu'il est le moins aimé. Mais chez Cédric, c'est pathologique. Et à partir du moment où Caroline et le bébé à venir lui volent la vedette, il va s'ingénier à gâcher la journée. Caroline ne supporte pas qu'on lui sabote ce qui devait être sa fête, Cyrielle a peur de son beau-frère et se sent étrangère..;
La description du "cas Cédric" est extrêmement juste et ce qui se passe autour de lui, extrêmement bien vu. Et aurait donc gagné à un traitement plus sobre. Non, ce n'est pas un remake de l'Exorciste. C'est la vie....