Après Greenberg et Frances Ha, Noah Baumbach retrouve Greta Gerwig au cinéma pour une collaboration double, côté scénario et côté interprétation. La personnalité de la jeune femme irrigue tout le film, d'abord à travers le personnage de Brooke, fantasque et débordant d'une énergie maladroite, ensuite à travers la réalisation qui épouse le rythme de vie effervescent de ce personnage. Le résultat oscille entre comédie fofolle, à la façon des comédies US des années 1930-1940, inspiration hyper-woody-allenienne, d'une intarissable bavardise névrotique et absurde, et tableau sociologique qui croque des trentenaires new-yorkais branchouilles et fragiles. Comme toujours dans le cinéma de Noah Baumbach, le regard est intelligent, tout empreint d'une lucidité drôle, piquante, et d'une tendresse amère, un peu désenchantée. Les thématiques récurrentes sont là : moulages et décalages sociaux, tentation du jeunisme, fascination et trahison... C'est bien vu, bien écrit, bien mis en scène et bien joué. Mais ce n'est pas sans écueils, le premier étant un trop-plein de mots qui fusent tous azimuts, répliques-mitraillettes qui amusent souvent mais ont aussi un effet soûlant, le second étant l'aspect artificiel d'une surécriture, notamment lors de la séquence vaudevillesque dans la maison du Connecticut, qui rompt avec le réalisme social mis en place. Malgré ses excès et dérives, le film demeure assez plaisant. Pas aussi charmant que Frances Ha, mais intéressant comme morceau du puzzle générationnel que construit le cinéaste au fil des années.