Même si on pouvait se douter qu'Hollywood ne permettrait pas à une œuvre d'être trop subversive sur les tout-puissants réseaux sociaux, on était au moins en droit d'espérer un regard lucide et un minimum critique sur ces derniers. Et c'est plus ou moins le cas... Du moins le pense t-on. Car dans ce film, tout n'est pas à jeter. Le scénario a des arguments, parvient à dégager certaines contradictions de l'héroïne, et il y a quelque chose d'assez stimulant à être plongé dans ce monde totalement virtuel, aux possibilités infinies et aux dérives gigantesques dans l'intrusion à la vie privée ou dans l'abus de pouvoirs. Sincèrement, cet axe a d'ailleurs marché sur moi un temps, la prestation d'Emma Watson, oscillant constamment entre naïveté et force mentale, ainsi que le choix étonnant de Tom Hanks pour interpréter le gourou faussement cool de la société s'avérant plutôt gagnants. Mais bon... Au final le malaise est beaucoup moins grand que prévu, l'œuvre se contentant de réflexions assez tièdes sur le sujet, le discours apparaissant même résolument ambigu sur la durée. S'il met par moments bien en évidence le côté dérangeant et malsain d'être perpétuellement connecté avec le monde et aux situations dramatiques que peuvent engendrer cette volonté de filmer perpétuellement (à ce titre, les parents de l'héroïne sont certainement les protagonistes les plus réussis, et une pensée en passant pour Bill Paxton et Glenne Headly, malheureusement tous deux décédés peu de temps après le tournage), cette volonté de vouloir ménager toutes les sensibilités finit par vraiment porter préjudice à l'entreprise. Le propos est confus, la ligne directive peu claire... Et puis surtout, il y a cette fin. Sincèrement, je pense que j'aurais été nettement plus indulgent si cette dernière n'avait pas été aussi ridicule, venant presque contredire intégralement tout ce qui avait pu être, même maladroitement, développé jusque-là. Ce dénouement, c'est presque une insulte, une provocation. Il est quasiment dangereux tant il laisse à penser que
l'omniprésence absolue (et donc aggravée) des réseaux sociaux serait un bienfait pour la planète. Aucun recul quand à leur utilisation ou leurs dérives : tout cela est balayé d'un revers de la main avec un détachement incroyable, se donnant qui plus est des airs humanistes franchement malvenues.
Et c'est vraiment dommage car jusque-là, aussi imparfait et inconstant soit-il, « The Circle » avait le mérite de parler d'un sujet on ne peut plus d'actualité avec un minimum de matière le concernant. Rageant.