« James White » a reçu le prix de la Révélation Kiehl's au 41ème Festival du film américain de Deauville. Intrigués, nous nous sommes offerts une séance de rattrapage le dernier jour du Festival et à la sortie de la projection, nous ne pouvions que comprendre le choix réalisé par les membres du jury.
Josh Mond (« Martha Marcy May Marlène ») nous présente un sujet très sensible au travers sa dernière réalisation: celui de la fin de vie d’un être cher. Parfaitement filmé, pudiquement amené, l’histoire de James et Gail White est d’un réalisme déconcertant. L’atmosphère est pesante mais contrairement à notre héros, nous pourrons sortir de cette expérience « indemne » pour prendre une bonne bouffée d’air frais.
La thématique n’est pas sans rappeler deux autres grands films traitant du même sujet : « La gueule ouverte » de Maurice Pialat ou encore « Cris et chuchotements » d’Ingmar Bergman, en un peu moins impressionnant bien que…. Même si les exemples cités restent des chefs d’œuvre du cinéma européen, il y a fort à parier que « James White » rejoindra le club très sélect des films intimistes… en version US.
Christopher Abbott habite le personnage de James White avec un talent déconcertant. Nous le suivons dans les méandres des fêtes, de l’alcool, dans sa peine, son impuissance comme si nous le connaissions bien avant de mettre le pied dans notre salle ciné. Le comédien de tout juste 30 ans à une maturité évidente et un professionnalisme probant. La barbe épaisse, l’hygiène négligée et la vie peu cadrée, notre héros tentera de tout mettre en oeuvre pour prendre soin de sa mère jusqu’à son dernier souffle au détriment de sa propre vie sociale.
Pour l’aider dans cette étape difficile de sa vie, il pourra compter sur son ami d’enfance gay et sa petite amie lycéenne récemment rencontrée. Et pour interpréter son pote de toujours : Kid Cudi, le célèbre rappeur américain devenu acteur. Remarquable dans son rôle, il garde un jeu sobre mais intéressant, preuve que les clivages ne sont pas toujours justifiés.
Enfin, parlons de Gail White, la mère de James. Cynthia Nixon a la lourde tâche d’incarner une femme rongée par le cancer, perdue et en fin de vie. Alors qu’elle pourrait opter pour un surjeu gênant, la comédienne (célèbre Miranda Hobbes de « Sex and The City ») assume sa prestation avec pudeur et austérité. A plusieurs reprises, elle nous émouvra et crèvera l’écran par quelques scènes mémorables très justement interprétées.
La relation fils - mère mise en place par les deux acteurs principaux est donc grandiose et offre une réalité qui claque. « James White » vaut le détour ne fut-ce que pour leur jeu. Néanmoins, nous regrettons quelques longueurs et scènes dispensables au film… mais gardons en mémoire cette jolie histoire dramatique qui aura fait battre notre cœur durant plus d’une heure.