LA LOI DU MARCHÉ de Stéphane Brizé
Un dur moment de cinéma à se prendre dans la face, dans l'os, à porter sur ses épaules, sa nuque, à encaisser dans son foie, en toute conscience de l'absurdité et de l'horreur économique thématique.
Un lourd panel de désespoir, de soumission, à la hauteur des attentes, pas seulement des employeurs qui espèrent toujours plus de brebis dans leur cheptel et de rentabilité, mais aussi des employés, dans l'urgence perpétuelle d'une reconnaissance de leurs misérables fonctions, tels les jeunes parents qui ont constamment besoin qu'on valide la censée beauté de leur nouveau-né bouffi ou fripé.
D'ailleurs dans le film, le fils est sévèrement handicapé : c'est réglé.
Aucun échappatoire donc dans la loi du marché, autre que celui que de savoir dire non à la fois à ses élites, ses kapos, ses collabos, ses victimes et d'en payer le prix.
Quel que soit le statut, chômeur ou pourvu d'un emploi, il y a un prix...
Mais il faut travailler, c'est le but ultime de l'insertion sociale, on apprend cela depuis le berceau, c'est la certitude qui nous est implantée massivement : Il faut "gagner" sa vie... Quelle horreur !
C'était déjà clair dans Matrix, nous sommes des piles, on nous videra jusqu'au bout, pas jusqu'à l'orgasme, mais jusqu'à la tombe.
Un film à ne pas mettre entre toutes les mains, je veux dire : celles qui auraient oublié que leur mobilité et leurs actions sont ordonnés par le cerveau.