Après Pagnol, et après l’adaptation de Jean de Florette, Berri poursuivit avec Manon des Sources, film dramatique en costume assez académique, mais d’une efficacité certaine.
Le film séduit en premier lieu par son ambiance. De beaux décors naturels, une ambiance authentique, une reconstitution un peu légère peut-être mais de qualité cependant. Le film de Berri est visuellement agréable, il respire du moins, et si la mise en scène s’avère un peu lourde, un peu statique parfois, technique relativement simpliste pour appuyer des scènes dramatiques, ce n’est pas catastrophique non plus. Reste que Berri aurait pu se montrer plus entreprenant à ce niveau.
Le scénario est bon, et reste l’atout maître de Manon des Sources. Si la première partie laisse penser qu’il y a quelques longueurs, il n’en est rien en fait à la vue de la seconde partie. Ne laissant pas place à l’ennui, bien aidé par de bons dialogues, le film s’enfonce au fur et à mesure dans le drame après avoir commencé dans la comédie, et franchement c’est prenant et bien fait. On se laisse happer par l’intrigue jusqu’au final explosif. Rien à redire, Manon des Sources est efficace, et sa méchanceté simple le tire du pathos lourdaud de bien d’autres drames en costume.
Quant au casting il regroupe de belles pointures du cinéma hexagonal, et il y a peu à redire. Un Yves Montand au sommet, avec une prestation remarquable, un Daniel Auteuil excellent, et en plus vrai admirateur de l’œuvre de Pagnol, une Emmanuelle Béart très séduisante, au jeu un peu roide néanmoins. Je dirai la même chose d’Hippolyte Girardot d’ailleurs. Clairement Montand et Auteuil emportent le morceau et forme un duo que je n’attendais pas aussi convaincant. Il est évident que l’excellente écriture des personnages est pour beaucoup dans le plaisir qu’on a à les suivre.
Manon des Sources est donc un remake aux allures un peu académiques que l’on pourrait prendre pour un film « scolaire ». Mais grâce à son récit solide, à ses interprètes, et à un travail propret sur la forme, c’est tout à fait digeste, et même plus que cela, ce n’est pas une barre de cinéma académique gentil mais qui ne gêne personne. 4