Dans cette suite à "Jean de Florette", tournée la même année, Claude Berri poursuit son adaptation du diptyque de Marcel Pagnol, sachant que contrairement à son prédécesseur, "Manon des sources" a déjà connu une version ciné (antérieure au roman) par son propre auteur en 1952.
On retrouve donc Ugolin et le Papet, propriétaires du fameux terrain (et de sa source!) racheté à la famille lors du décès tragique de Jean le bossu.
Or il se trouve que sa jeune fille Manon, 16 ans désormais, a souhaité demeurer bergère dans les collines, par fidélité aux aspirations de son défunt père. Et ironie du sort, au moment où le Papet se soucie que son nom perdure après sa mort, et enjoint Ugolin à se trouver une femme, celui-ci tombe littéralement sous le charme de la belle Manon...
Si "Manon des sources" ne peut bénéficier de l'aura de Depardieu, ce second opus jouit en revanche de la présence d'une jeune actrice inspirée, en la personne d'Emmanuelle Béart, qui irradie complètement dans ce rôle, et dont on avait presque oubliée combien elle avait été ravissante dans sa prime jeunesse, avant la chirurgie notamment...
Daniel Auteuil, sans doute stimulé par celle qui était alors sa compagne, propose lui aussi une interprétation formidable, supérieure au premier volet : la scène d'euphorie solitaire, agrémentée d'une folle sarabande qui s'achève par une chute de l'arbre à l'arrivée du Papet, est un véritable monument.
De son côté, Yves Montand est égal à lui même, c'est à dire excellent, de même que l'ensemble des seconds rôles, emmenés par Hippolyte Girardot en instituteur amoureux.
L'ambiance de la campagne marseillaise au début du XXème siècle est toujours parfaitement restituée par une réalisation agréable, on pourra en revanche reprocher à Berri cet épilogue artificiel et longuet, même s'il permet d'offrir une dénouement (plus ou moins) inattendu à cette tragédie provençale.