« This is not a love story » est adapté du roman « Me and Earl and The Dying Girl» de Jesse Andrew, publié en 2012. Supervisé par l’écrivain, le film a entièrement été tourné à Pittsburgh, sa ville natale et notamment dans sa propre maison, qui sert de décor à celle de Greg, le héros du film. Le choix de réalisation s’appuie sur un découpage en chapitres comme le livre duquel il est issu. Chaque découpage annonçant d’ailleurs le ton de ce qui va suivre (« La partie où je rencontre une mourante », « La partie où Rachel suit un traitement depuis quelques semaines », « 71ème jour d’une amitié condamnée » en sont quelques exemples).
Récompensé par le Prix du Jury et le Prix de Fiction dans la catégorie « Film de Fiction » au « Festival Sundance 2015 », il s’adresse essentiellement à un public adulescent et présente un univers dans la même veine que « Nos étoiles contraires » qui a connu un franc succès lors de sa sortie. N’y voyez là rien de péjoratif, que du contraire : il fera vibrer un public exigeant et parfois un peu oublié des cinéastes.
Avec « This is not a love story », Alfonso Gomez-Rejon (surtout connu comme réalisateur d’épisodes de séries telles que « Glee », « American Horror Story») signe ici un sans faute. Son univers, très créatif, est excessivement bien présenté. Notamment à travers quelques petits inserts de parodies de grands classiques du cinéma créées Earl et Greg. Les cinéphiles se régaleront de ces clins d’œil. Dans l’histoire, les deux adolescents ont mis en boîte 42 « parodies » de grands films tels qu’ « Orange Mécanique », « Blue Velvet », « Macadam Cowboy »,« Citizen Kane », « Scarface », « Le Septième sceau ». C’est fin, poétique, agréable à voir, distrayant et surtout très intelligent. De plus, les sentiments enfouis du héros seront mis en scène par un running gag filmique en papier mâché, présentant un cerf et un écureuil... Absurde ? Pas du tout, c’est très recherché justement et très plaisant à suivre !
A côté de cette réalisation soignée, on trouve un casting brillant, bien que composé d’acteurs débutants.
Dans le trio d’amitiés, on découvre une Olivia Cooke (« Ouija ») extraordinaire. Interprétant le rôle difficile de Rachel, une jeune fille touchée par la leucémie et en combat permanent contre cette maladie, elle incarne son personnage avec une justesse remarquable et une sobriété tout à fait adaptée au propos du film.
Thomas Mann, aux petits airs de Ryan Gosling jeune, est Greg, le personnage central de l’intrigue. Timide, rêveur et pudique, il entre dans une nouvelle amitié imposée avec détachement mais finira par s’y investir avec cœur et dévouement. Tout comme l’acteur (aperçu dans « Kingsman » ou « Projet X ») qui porte son rôle avec énormément de conviction, d’assurance et qui offre une très jolie prestation.
Enfin, le troisième mousquetaire n’est autre que Earl, un jeune afro-américain plus dégourdi que ses amis et complice de tous les projets cinématographiques de Greg. Joué par le sympathique RJ Cyler, ce personnage apportera un peu de candeur et de fraîcheur à cette histoire d’amitié naissante.
Les adultes, tout aussi farfelus que les ados, ne sont pas en reste et sont interprétés par des acteurs reconnus tels que Nick Offerman, Connie Britton et Molly Shannon.
Pas du tout larmoyant mais très touchant, « This is not a love story » raconte le parcours initiatique de trois adolescents et une belle histoire d’amitié(s). Ecrasé par « Jurassic Word » lors de sa sortie outre-Atlantique, il est pourtant truffé de belles qualités. Tendre et poétique le long-métrage a tout pour plaire et vaut vraiment la peine d’être vu !