Ce film se démarque très largement des autres comédies dramatiques américaines de sa génération : rempli de références cinématographiques, de gestes de réalisation et de mises en scène audacieuses, et porté par ses premiers rôles phénoménaux, le film fait à la fois autant preuve d'une grande simplicité (loin d'être naïve) dans l'ouvrage que d'une extrême complexité dans le traitement des émotions. "This is not a love story" est une merveille. Comme son nom l'indique, ce n'est pas du tout une romance. Le film est simplement l'histoire touchante d'un jeune homme pas timide, mais introverti, apathique, déterminé à faire le moins de vagues possibles pour avoir le moins de problèmes possibles, qui va se lier d'amitié avec une fille de son lycée, atteinte d'un cancer. A vu de nez, le scénario est relativement banal, mais, quand on regarde le film, on se rend compte à quel point le sujet a été bien traité. Au niveau des dialogues, au niveau de la mise en scène, tout est impeccable, et la morale qui en résulte est magnifique. Et c'est fort, parce que d’habitude, qui dit ado avec cancer dans un film, dit niaiserie, pathos, mélo et j'en passe. Mais là, non. Et ça fait carrément plaisir. La bande-son est impeccable, mais ce qui frappe, c'est avant tout la justesse du casting. Thomas Mann est absolument exceptionnel. On pourrait croire que c'est simple de jouer un adolescent apathique, mais quand on voit sa performance, on se rend compte que c'est tout sauf facile. Surtout que, lorsque son personnage prend enfin de l'amplitude, Mann est présent. Jon Bernthal est aussi trés, trés bon. Mais pour moi, celle qui ressort de tout ce beau monde, c'est une Olivia Cooke magistrale, parfaite, touchante, elle est proprement hallucinante du début à la fin. C’est fin, poétique, agréable à voir, distrayant et surtout très intelligent. De plus, les sentiments enfouis du héros sont mis en scène par un running-gag filmique en papier mâché, présentant un cerf et un écureuil... Absurde ? Pas du tout, c’est très recherché justement et très plaisant à suivre ! Enfin, le troisième personnage important n’est autre que Earl, un jeune afro-américain plus dégourdi que ses amis et complice de tous les projets cinématographiques de Greg. Joué par le sympathique RJ Cyler, ce personnage apporte un peu de candeur et de fraîcheur à cette histoire d’amitié naissante. L'humour est omniprésent, chaque personnage a le sien, ce qui apporte des blagues différentes, d'ailleurs c'est ceci qui tient en haleine le spectateur tout le long. Par ailleurs on n'a absolument aucun cliché dans ce film. Bref, un drame original, drôle, inventif et bourré de bonnes idées, et un excellent film dramatique du cinéma américain indépendant