“I smile back” est le genre de film qui pourrait passer totalement inaperçu lors de sa sortie dans nos salles. Et pourtant, ce type de long-métrage a une qualité énorme : nous donner une fameuse claque et soulever une tonne d’émotions chez chacun d’entre nous. Au point d’avoir beaucoup de mal à en parler une fois le générique terminé, c’est dire ! Il aurait été réellement dommage de passer à côté mais heureusement pour nous, le Festival du film américain de Deauville a eu la brillante idée de nous le proposer !
Sarah Silverman mériterait vraiment un oscar pour son interprétation magistrale ! Habituée à jouer dans des comédies comme « Albert à l’Ouest » ou « Rock Academy », elle réalise ici une performance sans faute et présente une détresse plus vraie que nature. Malheureusement, le film ne sera pas assez « bancable » pour concourir et remporter la précieuse statuette dorée mais croyez-le, elle offre une prestation inoubliable ! A tel point qu’on ne peut que croire qu’elle vit elle-même la situation qu’elle doit incarner tant cela paraît être sa réalité ! Comment peut-on se préparer à un pareil rôle ? Comment sortir indemne de ce tournage? C’est le genre de questions qu’on aurait envie de lui poser.
Josh Carles (« The Goodwife »), son mari dans le film, n’est pas en reste. Il assiste impuissant à la détresse de sa femme qu’il ne parvient pas à sauver d’elle-même. Pas besoin d’user de mots pour faire part de la déception qui est là sienne, un regard suffit et le sien fait passer des messages extrêmement forts ! Les deux enfants de la famille souffriront aussi de la situation que vit leur mère. Interprétés par les très jeunes Shayne Coleman et Skylar Gaertner, ils ne comprendront pas toujours la réalité qui leur fait face et auront parfois des questionnements douloureux et assisteront à des scènes marquantes pour des enfants de cet âge.
Et en parlant de scènes, beaucoup d’entre elles sont mémorables et marquantes ! L’équipe a confié avoir eu beaucoup de mal à tourner certaines d’entre-elles et on le comprend ! Le film est dense, le sujet hypersensible et le jeu des comédiens ajoutent un ton dramatique de grande intensité. En voyant « I Smile Back », on ne peut qu’éprouver de l’empathie pour notre héroïne, souffrir pour elle, souhaiter la voir sortir la tête de l’eau sans que l’on ne puisse rien faire pour elle. L’immersion dans sa vie est telle que nous garderons une boule dans la gorge jusqu’aux dernières secondes du film et nous retiendrons péniblement nos larmes.
L’auteure du roman sur lequel le film est basé n’est autre qu’Amy Koppelman. Impliquée dans le projet, elle est également la co-scénariste d’Adam Salky. Ce dernier signe avec « I Smile Back » la réalisation de son deuxième long-métrage (le premier étant « Entre vous deux », sorti en 2009). On doit reconnaître la qualité de son travail et sa propension à présenter un sujet grave et à nous garder attentif tout au long de l’intrigue.
Le film est l’occasion de montrer que tout avoir ne suffit pas et que le mal-être peut prendre le dessus sur l’amour que portent nos familles. Il faut être bien avec soi pour pouvoir profiter pleinement de sa vie et ce n’est pas toujours facile, la preuve en est ici !
« I Smile Back » est un film marquant, au sujet sensible. L’interprétation de ses comédiens et l’angle choisit par Adam Salky pour aborder cette thématique difficile, fait de ce film un vrai bijou ! En entrant dans la vie de Laney, vous ne pourrez que vous sentir impuissant face à sa détresse et lorsque vous en ressortirez, vous ne pourrez n’en être que profondément bouleversés ! Il faut vivre le film car les mots seront bien en deçà de ce que vous pourriez ressentir…