Un drame familial épouvantable, qui sonde notre âme fatalement pervertie, qui éprouve notre crédulité, qui hante notre esprit. Un film où tout est corruptible et corrompu (hommes, femmes, enfants, chien, corbeau, bouc, lapin, terre, culture, ...) car le Mal existe comme un virus qui se transmet. Rien ni personne ne sont épargnés. Tous coupables, par orgueil, par mensonges, par envies, ... finalement tous et toutes soupçonnés d'être LA sorcière. On en devient paranoïaque, comme cette famille condamnée qui se détruit puis se décompose lentement. Le film entier, d'un réalisme brutal, est une malédiction du début à la fin, un pacte que nous signons de notre plein gré pour assister volontairement à une séance de spiritisme (malgré les prières répétées comme des incantations par les personnages). C'est envoûtant. L'ancrage historique dans la Nouvelle-Angleterre puritaine du 17e siècle, un cadre méticuleusement soignée génialement éclairé (comme les fascinants tableaux clair-obscur du Caravage), un scénario habilement réaliste et fantastique, une musique stridente et glaçante, des acteurs pénitents possédés par la peur et la honte (Anya Taylor-Joy, inquiétante jeune femme à la peau pâle et aux yeux de biche et mention spéciale pour l'affolé et envoûté Harvey Scrimshaw), une forêt naturellement ténébreuse et labyrinthique, l'expérience risque donc d'être éprouvante. Un premier film au style fort dont une partie des dialogues a même été puisée dans des documents historiques ... ce qui ne rassure pas au final.