1630, durant la première génération de colons anglais installés en Amérique du Nord, une famille, composée de deux enfants, deux ados et deux parents, se fait bannir du village pour de sombres raisons religieuses et part s’installer pour vivre laborieusement à l’orée d’une forêt vierge.
Par une succession d’actes manqués, d’erreurs et d’analogies affligeantes, d’interprétations de la vie filtrées par des croyances bornées, on assiste à la déconfiture progressive de ces braves gens, victime de son propre et désespérant obscurantisme. Peur intrinsèque, culte de la culpabilité, obéissance insensée, aliénation religieuse appliquée pour chaque mot et fait des plus banals, bain omniprésent de bondieuseries tant stupides, injustes que tragiques, on assiste, compatissants, à leur descente en enfer, tant sociale, économique que salutaire. Les événements s’accélèrent en torture mentale, en paranoïa et en hécatombe quand de véritables forces maléfiques, animaux démoniaques et métamorphes, et authentiques sorcières, en rajoutent pour précipiter leurs victimes dans un dessein révélé par son impressionnant final.
La montée de l’angoisse, le développement d’un machiavélique avilissement, et la perdition induite par son propre obscurantisme font l’intelligence de ce film. Hélas, même sans perdre de sa superbe, il se noie dans son incohérence et se perd en grosse salade en faisant intervenir un surnaturel enfantin et manichéen, finalement de la même veine que la faribole religieuse qu’il prétend dénoncer, c’est dommage.