Lauréat du Prix du public au dernier Festival du film américain de Deauville, Dope nous est apparu comme une grosse bouffée d'air frais dans un paysage saturé de productions finissant par se ressembler toutes un peu...Place à une mise en lumière humoristique de la culture afro-américaine. Here Comes The Hammer!
Dope » est assurément un film qui fera beaucoup parler de lui. Tout d'abord parce qu'il renoue avec audace et intelligence au cinéma que nous avons aimé étant adolescent. Ensuite parce qu'il nous fait rire, beaucoup même ! Enfin, parce que son propos est intelligent et est au service d'une esthétique que nous ne croyions plus revoir au cinéma. Explications.
Il y a un peu du « Prince de Bel air » dans cette œuvre, mais aussi du cinéma de John Hugues ! Excusez du peu ! On pense notamment à « Breakfast Club » ou encore « La Folle Journée de Ferris Bueller » (ici, en version black totalement déjantée). On sent l'inspiration ou devrait-on dire ici, l'hommage.
Véritable ode à la culture black des 90's grâce aux nombreuses références culturelles, ce film totalement surréaliste est pourtant bien ancré dans le présent se veut le témoin « décalé » de notre époque.
Son personnage principal, Malcolm, cherche sa place et revendique un passé pas si lointain qui représente pour lui la véritable liberté.
Un temps où la culture noire possédait une identité forte sans les dérives qu'elle connaîtra ensuite. Nous le percevons certes naïf mais tellement « vrai » et guidé par sa vision idéologique de la culture afro-américaine.
Nous ressortons de cette heure quarante heureux d'avoir pu goûter à une expérience cinématographique réussie emprunte à la fois de nostalgie, d'authenticité et de modernité. Tout dans ce film concourt à planter un décor détaillé et plaisant à regarder : les tenues vestimentaires du héros, sa coupe afro, ses goûts musicaux. Autant d’éléments qui se savourent tel un bonbon acidulé et qui nous rappelleront les saveurs de notre adolescence que l’on prend plaisir à retrouver.
De plus, le long métrage est truffé de références. Parmi celle-ci une drogue de type « hallucinogène » qui frappe les jeunes du film. Et celle-ci est nommée (avec beaucoup de justesse selon nous) « Molly », très certainement en référence à Molly Ringwald, la muse de John Hugues dans « Breakfast Club », « Rose bonbon » ou encore « Seize bougies pour Sam » qui a ensorcelé bon nombre d’adolescents (quelques soient leurs origines d'ailleurs) dès la seconde moitié des années 80. La drogue évoquée dans le film fait néanmoins moins de ravage que la rousse incendiaire dans le cœur des jeunes de l'époque.
Il est jubilatoire de constater que les héros de ce film connaissent parfaitement les « codes » et règles de notre société, tout comme la technologie et les utilise à bon escient, ou du moins, afin de mener à bien leur projet et braver les inégalités dues à leurs origines ethniques et socio-culturelles. Brillant !
Nous ne pouvons taire la qualité du casting ! Brelan d'as pour celui- ci avec en tête Shameik Moore dans le rôle de « Malcolm ». Mais aussi Kiersey Clemons dans celui de « Diggy » et Tony Revolori dans le rôle de « Jib ». Le long métrage compte également Zoë Kravitz (Nakia) qui, comme dans Good Kill crève littéralement l'écran. Tous les personnages rencontrés par notre trio de choc ont leur petit ou grand grain de folie (c’est selon) et créeront des situations improbables dont on se délecte sans modération. N’oublions pas Forest Whitaker, narrateur génial qui a eu la clairvoyance de produire ce petit bijou !
Et au rayon de la musique ? Après tout, celle-ci est une actrice à part entière et confère à l'ensemble une dimension bientôt mythique (en tout cas nous l'espérons!) Pharrell Williams est le magicien appelé pour porter ce beau projet et lâcher un peu de « happiness » dans la salle de ciné et cela s'entend ! Nos oreilles nous disent merci ! Et ce, même si le R'n B n'est pas notre tasse de thé, c'est dire ! Un vent de fraîcheur nous vous disions !
Vous l'aurez compris, le réalisateur Rick Famuyiwa nous offre un spectacle haut en couleurs parfaitement maîtrisé et cadré, fait d'énergie, d'un alliage de nostalgie et de modernité (et oui c'est possible!), d'une touche de naïveté qui sent bon l'adolescence et de beaucoup d'humour ! Dope nous rend accro et on en redemande !