J'y suis allé en traînant des pieds. Par curiosité. Pour faire plaisir. Pour accompagner.
Et pourtant, une fois sorti de la salle obscure, je me suis dit: "Enfin une suite agréable, travaillée, qualitative !"
On ne peut pas dire la même chose de la plupart des suites de chez Disney (Bossu de Notre Dame 2, Cendrillon 2 et 3, Le Roi Lion 2,3,4,5, Belle & la Bête 2...) et récemment l'effroyable et rachitique Toy Story 4... En premier lieu, la Reine des Neiges 2 nous offre de bons échantillons de beauté graphique et un glorieux panel de recherches esthétiques : une forêt enchantée pleine de couleurs rouge-amarante, violet-noir, cramoisi-empourpré... un barrage pharaonique... les quatre éléments constamment mis en scène de façon dynamique, le feu, la glace, le vent, la mer et ses superbes vagues... un neptunien cheval d’eau... un lézard sous l'apparence d'un feu-follet pokemonesque... des géants de pierre comme une menace lente... et à plusieurs séquences, des scènes oniriques bourrés de détails iconiques... Outre la beauté des décors, la beauté de l'environnement, de la faune, de la flore, on parcourt des scènes comme des tableaux, des situations qui semblent inspirées de certains récits d'héroic-fantasy (un récit initiatique de conte de fées saupoudré de Seigneur des Anneaux), ce second film est nettement plus magique, solide et profond que le premier.
Je n'ai pas eu le souvenir d'avoir vu d'aussi belles propositions graphiques et visuelles dans les autres films du genre (les Trolls, Dragon, Shrek ou même Rebelle...) Aussi, le film contient un substrat politique et social (ce qui était littéralement absent dans le premier opus). Contrairement au premier qui se voulait très premier degré (notamment avec sa pompeuse "Libéré, délivré") le second opus contient un côté naturellement auto-dérisoire, notamment avec Elsa qui hausse les épaules quand elle s'entend chantée dans une "vision" flash-backs, ou, encore, la chanson de Kristoff (qui se veut clairement auto-parodique en surjouant l'amoureux éconduit avec une musique typique des vieilles chansons à l'eau de rose des années 1980)... Du bon second degré en musique : étonnant pour un Disney de cette envergure. Sur le plan scénaristique, bien qu'on ne nous épargne pas quelques clichés typiquement disneyiens, le script indique une évolution parfaitement logique des personnages. Les deux soeurs :
dans le premier, la "Frozen", c'était Anna, dans le second, c'est Elsa. C'est facile, mais finalement, dans chacun des deux opus, une des deux sœurs fini gelée : et en ressort, par-delà cette mort métaphorique en diptyque, grandie, accomplie, révélée.
Olaf aussi a son évolution : il se pose des questions sur ce qui l'entoure, il cherche à "grandir".
Malheureusement, lui aussi à sa "mort" puis sa résurrection... Dans une situation vraiment trop facile...
En bref, avec le recul, je vois le premier film comme l'enfant de la compagnie Disney dans l'application de décisions d'exploitations d'une franchise, avec des décisions de structures narratives due à un PDG trônant au milieu de son conseil d'administration : une recette, un plan, un budget, un résultat (escompté). En revanche, pour le deuxième film, on sent le travail de la Walt Disney Animation Studios, l'entreprise d'artistes qui était là depuis 1937 et son Blanche-Neige, la boîte qui a traversé les diverses périodes et les multiples âges d'or de l'animation classique, l'industrie qui a toujours voulu fabriquer ses productions avec un minimum d'exigence créative... Je range donc La Reine des Neiges 2 aux côtés des grands films de l'animation de chez Disney.