Jusqu’alors, ma connaissance de Bruno Dumont se limitait à la seule « Vie de Jésus ». Or, moi, « la vie de Jésus », je n’avais pas été trop fan. Mais bon… C’était cru, c’était jusqu’au-boutiste, c’était maitrisé, et surtout c’était tourné dans mon coin ! Bref, beaucoup de choses qui m’avaient fait dire qu’entre Bruno Dumont et moi, ce n’était que partie remise ! …Voilà donc ce qui m’a conduit vers ce « Ma loute ». J’avais espoir que, pour ce coup-là, avec cette affiche qui semblait d’un bien autre ton que celle de « La vie de Jésus », je me retrouve avec une formule qui marche davantage sur moi… Eh bah en fin de compte, oui c’est vrai que c’était un brin différent, mais d’un autre côté, une fois encore, l’alchimie n’a pas pris. Non pas que ce film manque de jolies choses et de caractère, loin de là. Déjà il se dégage de cet univers une atmosphère vraiment prenante, entre le ridicule et le malsain : j’ai trouvé ça génial. En cela, la galerie de personnages loufdingues que nous a sorti Dumont y a beaucoup contribué et a asséné un vrai courant d’air frais à ce film. C’était ridicule, drôle, absurde, beau… Bref, sur les premières minutes, ça avait tout pour me plaire. Seulement voilà, sur la longueur, le film a vite révélé ses failles. D’abord, les cabotinages de chacun ont beau être sympas, ils deviennent vite redondants puis lassants. Et encore, là je parle des Fabrice Luchini et autres Didier Despres qui ont su donner une vraie cohérence dans leur jeu de pantomimes absurdes, parce qu’à côté d’eux, certains acteurs sont très vite horripilants de surjeu et d’exagération. Et dans ce registre là, il y en a une qui surclasse vraiment tous les autres : c’est Juliette Binoche. Franchement, elle en fait tellement trop qu’on est au-delà de la farce. Chacune de ses apparitions à l’écran était tout bonnement insoutenable à mes yeux et à mes oreilles. Pas un seul instant je n’ai vu son personnage, contrairement aux autres. Avec elle, j’ai juste vu Juliette Binoche essayer de jouer un truc qu’elle ne savait absolument pas jouer. Et le problème, c’est que très rapidement, le film ne se limite plus qu’à ça : les cabotinages de chacun. C’est à celui qui en fera le plus, et ça ne rend service à personne, et encore moins au film. Et en cela j’en veux un peu à Bruno Dumont. Au fond, il n’avait pas grand-chose à raconter, donc il a dilué autant qu’il a pu avec les grimaces des uns et les couinements des autres. Au final, le film se permet même de sombrer dans l’absurde tellement au fond il n’a pas d’idée narrative précise. Et ce n’est pas l’absurdité qui me dérange tant que ça au fond. Ce qui me dérange c’est davantage la gratuité. Parce que oui, c’était gratuit. Et c’était gratuit parce que c’était assez vain en fin de compte. Je ne comprends d’ailleurs pas le film ait été aussi long. Deux heures pour à ce point tourner en rond ? Mais pourquoi ? Au final, les quelques points et personnages intéressants se noient dans cette grosse bouillasse qu’on a pas pris le temps de suffisamment écrire et réfléchir. C’est dommage, parce que j’ai l’impression que c’est un peu un syndrome récurrent du cinéma français, y compris chez ses auteurs les plus iconoclastes...