Les habitants qui s’approvisionnent en eau de la région commencent tous au fur et à mesure à développer d’étranges symptômes. La cécité, une appétence pour la chair fraîche (et humaine de préférence), des grognements à défaut de pouvoir parler & une démarche hésitante. Les rares survivants doivent survivre et se battre s’ils veulent s’en sortir…
L’originalité du film réside dans le fait qu’il s’agit d’un film de zombie nigérian et bien évidemment, quand on en prend connaissance, ça titille tout de suite notre curiosité. Ojuju (2014) est le premier long-métrage de C.J. 'Fiery' Obasi et nous entraîne en plein cœur d’un bidonville de Lagos, au Nigeria. Avec ce film, le réalisateur a souhaité utiliser l’horreur comme allégorie sociale en dénonçant l’absence d’accès à l’eau potable de la population. Rappelons que plus de 86% des nigérians n’ont pas accès à l’eau potable et d’après un rapport de l’UNICEF, les principales raisons sont dû à la pollution de l’eau par contamination toxique.
C’est d’ailleurs pour cette raison que le film s’ouvre sur ce message préventif « 70 millions de nigérians n’ont pas accès à l’eau potable, les causes de la pollution sont le rejet d’eaux usées non traitées, les métaux lourds issues des décharges, le déversement d’hydrocarbures, de pesticides et d’engrais dans les eaux de ruissellement agricoles et la présence d’autres produits toxiques dans les cours d’eau ». En partant de ce postulat, il va donc imaginer une histoire de zombies où la population locale se contamine en ayant recours à l’eau de la région qui provient d’une seule et même source.
C.J. 'Fiery' Obasi ne révolutionne pas le genre et il ne fallait pas trop lui en demander. Soyons indulgent, les carences au niveau du budget et les acteurs non professionnels se ressentent, mais cela n’empêche pas de passer un agréable moment. Alors certes, l’absence de tension est flagrante et on peut trouver le temps long. La mise en scène ne se prive pas pour tenter tant bien que mal de pallier le manque de moyen (les séquences sensées être gores s’en retrouvent relativement soft, surtout lorsque la camera passe derrière un muret pour masquer la scène de cannibalisme à laquelle on aurait dû avoir droit).
Si vous vous attendez à du nanar ougandais tel que Who Killed Captain Alex? (2010), vous risquez fort d’être déçu. Le film s’avère bien plus qualitatif, la photo est soignée et le score de David Jones David parvient à recréer une certaine ambiance.
Les plus attentifs d’entre vous auront reconnu le clin d’œil du réalisateur (le héros se fait appeler Romero, en référence à George A. Romero, le maître ‘zombiesque’). Au final, si le film mérite d’être vu, il s’avère néanmoins assez imparfait. Il aurait gagné à être raccourcit et aurait pu nous épargner certaines scènes sans queue ni tête (mention spéciale à la femme constipée). Enfin, on aura une pensée pour le maquilleur-prothésiste, qui donne l’impression d’avoir collé des bouts de pizza sur la tronche de ses acteurs pour mimer des plaies sur le visage (et notamment les morsures).
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