Les Messagers : les secrets du tournage

Les Messagers est le premier film américain de Danny et Oxide Pang, auteurs de la trilogie horrifique The Eye (Jian gui en VO). Les deux jumeaux s'expatrient aux Etats-Unis pour apporter leur regard si particulier sur cette histoire de maison hantée, et les rapports entre les fantômes et les vivants.

Les Messagers est produit par Ghost House, la société de production de Sam Raimi et Robert Tapert. Fondée en 2002 par les créateurs d'Evil dead, Ghost House a pour but de produire tous les films d'horreur de la nouvelle génération, comme le remake de The Grudge par Takashi Shimizu ou encore Boogeyman et 30 days of night.

Dans le rôle principal de Jess, l'adolescente capable de voir les fantômes, on retrouve Kristen Stewart, déjà vue en fille prise en otage dans sa maison dans le Panic room de David Fincher. Un autre spécialiste du surnaturel hante ce film en la présence de William B. Davis, l'inquiétant "homme à la cigarette" de la série X-Files.

Avec Les Messagers, les frères Pang ont tenu à bousculer tous les codes du film d'horreur américain. Ainsi, le film ne se passe pas en pleine nuit comme habituellement avec ce genre de films, mais en plein jour et dans un décor paisible. L'équipe du film s'est d'ailleurs appliqué pour trouver un champ de tournesols au Canada pour reconstituer le décor le plus idyllique possible. De plus, en opposition à une musique oniprésente dans ce genre de films, l'horreur des Messagers se dégage dans des scènes très silencieuses et néanmoins très tendues: " Notre style se positionne toujours par rapport au silence, car nous pensons que les aspects les plus terrifiants d'une scène se dégagent à chaque fois dans un silence terrifiant" confient les deux réalisateurs.

Les expériences vécues par les personnages dans le film se rapprochent de celles des deux réalisateurs. Oxide Pang a en effet cru voir une ombre se déplacer sur une route a 1h de l'après-midi: " C'était seulement une ombre. Elle n'appartenait à personne et ce n'était surement pas moi!. Je l'ai vue marcher sur la route pendant une minute et j'ai soudain demandé à mon ami: " Est-ce que tu vois ça" et il m'a répondu que oui. Cette expérience nous a donné le concept très fort du film.". Danny Pang a également vécu une situation aussi étrange que celle de son frère : "Voilà plusieurs années, chez moi, j'ai vu un homme se diriger vers un ascenseur et y pénétrer. Je l'ai suivi, et quand je suis entré à mon tour, il n'y avait personne. Je vivais au 12e étage, et entre le 12e et le rez-de-chaussée, la descente durait environ 30 secondes. Ces 30 secondes m'ont semblé durer une éternité : j'étais absolument terrifié..."

Les acteurs ont été intrigués par les frères Pang, notamment par leur relation et leurs personnalités complémentaires. Penelope Ann Miller se souvient : "La double mise en scène des deux frères est quelque chose de très intrigant. Je n'arrivais à les distinguer que grâce à leurs lunettes ! Nous pouvions tourner une scène le matin sous la direction de Danny, et la scène suivante l'après-midi ou le lendemain sous celle Oxide. Tandis qu'un des deux frères tournait, l'autre montait les images qu'il avait réalisées la veille... Oxide et Danny, eux, sont habitués à la retenue, à la sobriété. Ils ne voulaient pas perdre de temps supplémentaire pour un plan qui ne contenait qu'une réplique...Ils aiment s'exprimer par des proverbes et en utilisent beaucoup. Ils disaient des choses comme “Il faut que tu vides ta tasse pour pouvoir boire de mon thé”... Ils pensaient que nous devions rejeter toutes nos idées préconçues sur la manière de travailler, et que nous devions leur faire confiance. Leur instinct m'a beaucoup impressionnée.". John Burwell, l'homme que la famille Solomon engage pour travailler à la ferme, ajoute : "Les frères Pang ont une belle sensibilité et même s'ils sont complètement différents sous bien des angles, lorsqu'ils sont ensemble et qu'on leur parle, on a la sensation qu'ils sont une seule et même personne divisée en deux. Cela a joué sur notre perception de ce projet étrange, atypique."

Malgré la barrière de la langue, les réalisateurs ont su clairement exprimer leurs idées à travers des esquisses. Le scénariste Mark Wheaton explique: " Les Pang sont très visuels, et une grande partie de leur apport, dès l'étape du scénario, a consisté à nous dessiner comment ils allaient tourner ou traiter les éléments effrayants. Nous avons fini avec des centaines d'esquisses... En définitive, nous avons communiqué de façon visuelle, ce qui correspondait totalement à leur manière de fonctionner. Je leur soumettais des pages de script, nous discutions de la manière dont ils allaient les approcher dans leur style, je réécrivais les pages le soir et deux jours plus tard, ils revenaient avec un story-board."

Le champ de tournesols constitue non seulement le "gagne pain" de la famille Solomon, mais contraste également avec l'action du film. La chef décoratrice Alicia Keywan commente : "Les tournesols ont été le premier élément auquel nous avons réfléchi, parce qu'ils occupent une fonction essentielle dans le film. Il a fallu trouver le champ, et cela a nécessité de longues recherches, puis il a fallu vérifier le sol, déterminer si les tournesols y pousseraient, étudier les différentes variétés de fleurs, à quelle hauteur elles pousseraient et à quelle période de l'année, puis semer... et tout cela sans être jamais vraiment sûrs du résultat. Si cela ne donnait pas l'impression visuelle recherchée, nous étions prêts à commander à la dernière minute 5 000 tournesols artificiels de soie, puis à les planter partout ! Mais les fleurs artificielles n'auraient pas pu rendre aussi bien que des vraies.". Alicia Keywan poursuit : "Nous avons eu la chance que les tournesols fleurissent exactement le jour où nous tournions à Regina. Quelques jours avant, seuls quelques-uns étaient en fleurs. Mais quand nous sommes arrivés pour tourner, 60 % avaient ces superbes fleurs jaunes qui suivaient le soleil... C'était un grand moment."

Ota Bares, qui avait participé aux films le Le Dahlia noir et Retour à Cold Mountain en tant que dresseur de corbeaux, figure également au générique du film. Les corbeaux utilisés dans Les Messagers viennent de la République Tchèque. Le producteur William Sherak explique : "Les corbeaux sont des oiseaux inquiétants. On se demande en permanence s'ils protègent ou non les Solomon, s'ils sont là pour les avertir ou pour une autre raison plus sinistre. C'est une espèce très intelligente, et cela se sent à l'écran.". L'équipe a également fait appel à un doubleur, qui n'est d'autre que l'assistant de Ota Bares, pendant les scènes où John Corbett était en contact avec les oiseaux. L'acteur raconte : " Les avoir autour de mon visage me rendait nerveux, parce qu'il est facile de perdre un oeil d'un coup de bec. Je ne suis pas fan des oiseaux : j'ai eu un perroquet qui a failli m'arracher un doigt... "

Le tournage s'est déroulé à 150 km au nord de la frontière entre le Montana et le Dakota du Nord, dans la région des plaines canadiennes, non loin de Regina, la capitale de la province du Saskatchewan. Jason Shuman, le producteur explique : "Il nous fallait un endroit où l'on puisse avoir une ferme de tournesols à l'époque exacte où nous avions prévu de tourner. Le Saskatchewan possède de vastes étendues de terre, correspondait au point de vue climat, et c'est une région qui accueille volontiers les tournages."