Film après film, Mia Hansen-Love poursuit sa carrière cinématographique avec un résultat récurrent : succès critique assuré, succès public beaucoup plus mitigé. Encore que, pour "L'avenir", son 5ème long métrage (à seulement 35 ans !), il semble qu'il y ait plus qu'un frémissement côté public, la présence à l'affiche d'Isabelle Huppert y étant sans doute pour quelque chose. Dans "L'avenir", Mia Hansen-Love met en scène une fabuleuse Isabelle Huppert qui joue le rôle de Nathalie, une prof de philo dans la cinquantaine et elle nous parle de l'amour, du couple, du vieillissement, de la mort, de la naissance, des modifications qui s'opèrent chez la plupart des individus, avec l'âge, sur la façon de concevoir ses rapports avec la société. N'oubliant pas qu'elle a une maîtrise de philosophie allemande, elle nous parle aussi, beaucoup, de philosophie. Tout cela, qui est beaucoup, elle le fait avec finesse, avec légèreté, sans contraindre le spectateur à se prendre la tête. Je n'ai pas vu et je n'irai pas voir "Les Visiteurs 3", mais, d'après ce que j'ai lu et entendu sur ce film, je suis persuadé qu'on y rit beaucoup moins que dans "L'avenir", les scènes les plus drôles étant celles ou intervient Edith Scob, qui joue Yvette, la mère de Nathalie. Très drôles aussi, les scènes avec le chat d'Yvette. On ne manquera pas d'être interpelé lorsqu'on verra Nathalie prendre très mal les remarques acerbes que lui fait Fabien, son ancien élève préféré, sur les contradictions qu'il a remarquées chez elle entre ses actes et sa pensée alors qu'elle avait plutôt bien digéré le fait d'être largué par son mari après 25 ans de vie commune. Lors du dernier Festival international du film de Berlin, en février dernier, Mia Hansen-Love a obtenu l'Ours d'argent du meilleur réalisateur, ce qui n'étonnera ni ne choquera personne tant la mise en scène de "L'avenir" s'avère à la fois très précise et très fluide. Concernant les comédiens, Isabelle Huppert ne quitte l'écran que très rarement et elle est excellentissime. A ses côtés, on trouve, entre autres, André Marcon (Heinz, le mari de Nathalie), Edith Scob (la mère de Nathalie) et Roman Kolinka (Fabien). Et puis, bien sûr, il y a, comme toujours chez elle, les choix musicaux de Mia Hansen-Love, toujours très particuliers, toujours très judicieux. Vous connaissez beaucoup de films où, non seulement, on entend Woody Guthrie mais où on a droit, en plus, à une explication, très courte mais pertinente, sur son œuvre et sur le rôle qu'il a joué sur les débuts de Bob Dylan. Autres fragments musicaux : un lied de Schubert, Donovan, The Fleetwoods.