#Metoo médiéval
L’immense Ridley Scott nous propose cette fois un drame historique d'une grande puissance. Tout est réuni dans cette fresque de 153 minutes – on ne voit pas le temps passer -, pour faire passer un grand moment de cinéma. Basé sur des événements réels, le film dévoile d’anciennes hypothèses sur le dernier duel judiciaire connu en France - également nommé « Jugement de Dieu » - entre Jean de Carrouges et Jacques Le Gris, deux amis devenus au fil du temps des rivaux acharnés. Carrouges est un chevalier respecté, connu pour sa bravoure et son habileté sur le champ de bataille. Le Gris est un écuyer normand dont l'intelligence et l'éloquence font de lui l'un des nobles les plus admirés de la cour. Lorsque Marguerite, la femme de Carrouges, est violemment agressée par Le Gris - une accusation que ce dernier récuse - elle refuse de garder le silence, n’hésitant pas à dénoncer son agresseur et à s’imposer dans un acte de bravoure et de défi qui met sa vie en danger. L'épreuve de combat qui s'ensuit - un éprouvant duel à mort - place la destinée de chacun d’eux entre les mains de Dieu. Une reconstitution du 14ème siècle somptueuse, un scénario diabolique et un casing +++, je l’ai dit, tout est là. Profitez-en !
Le duel judiciaire reposait sur le principe du "jugement de Dieu" et permettait à deux parties en litige de se battre en combat singulier jusqu’à la mort pour régler leur différend. Le vainqueur, considéré comme ayant été désigné par Dieu, prouvait par sa victoire le bien-fondé de sa cause. Lorsque l’étiquette, les aspirations sociales et la justice étaient régies par les codes de la chevalerie, les conséquences d’un défi lancé aux institutions de l’époque étaient terribles. Pour une femme qui, en ces temps, n’avait aucun statut légal sans le soutien de son mari, faire éclater la vérité représentait un enjeu inimaginable. Le film est adapté du livre Le Dernier Duel : Paris, 29 décembre 1386, écrit par l'universitaire américain Eric Jager. Il a passé dix ans à rechercher, traduire et examiner divers documents datant de plusieurs siècles, comme des chroniques, des dossiers juridiques, des actes de propriété, des reçus militaires, des plans architecturaux et des cartes historiques. Outre la Normandie, il s’est aussi rendu au palais où le Parlement de Paris s’est réuni pour examiner la demande de duel et au prieuré Saint-Martin-des-Champs, l’ancienne abbaye réaménagée pour accueillir le véritable duel. Si la vérité historique semble incontestable, le moins qu’on puisse dire, c’est que l’image, les lumières, les costumes, les accessoires sont des perfections. Après un avant-propos alléchant, le film est divisé en trois parties. Dans les deux premières, le personnage de Marguerite est vu à travers le regard des hommes, alors que la troisième suit son point de vue. C’est passionnant et troublant au point d’empêcher le spectateur de se faire une véritable opinion. C’est vraiment, outre ses immenses qualités techniques, le grand attrait de ce film incontournable pour les amateurs de cinéma et… d’Histoire.
Au départ, voir réunis sur un même écran Matt Damon, Adam Driver et Ben Affleck,était plus qu’alléchant. On n’est pas déçu, le trio est formidable. Mais la grande triomphatrice reste la ravissante et émouvante Judie Comer. Elle sait donner tout le poids requis à son rôle de femme révoltée. A part une apparition dans le dernier Star Wars, elle se consacrait uniquement aux séries. Excellente pioche de Sir Ridley Scott, qui a 83 ans est plus jeune que jamais. Son tout 1er film, Les Duellistes, avait déjà été tourné en Dordogne où il a décidé de revenir pour son 26ème opus. C’est superbe. Du très grand cinéma !