Dès le départ, on est au coeur d'un duel qui va commencer, mais que l'on ne verra dans sa totalité qu'à la toute fin du film. Interruption donc de l'action, et retour en arrière pour poser l'intrigue: Il s'agit pour Jean de Carrouges (Matt Damon) de venger l'honneur de sa femme Marguerite (enfin, surtout son honneur à lui, en fait) qui prétend avoir été violée par Jacques le Gris (Adam Driver).
J'ai adoré ce montage en 3 temps, avec les 3 points de vue des protagonistes.
On commence par le récit du mari, qui de toutes façons n'était pas là, et n'a rien vu, donc nous aurons là un simple exposé factuel, une contextualisation historique du drame, survenu quelques mois plus tôt.
Puis le récit de l'accusé, dont on voit bien à sa façon de traiter les courtisanes que les femmes n'ont aucune chance de s'en sortir avec lui (et qui explique que le "non" de la victime soit si peu entendu le moment venu...).
Et enfin, le point de vue de la victime (fabuleuse Jodie Comer) et c'est là que toutes les subtilités de l'affaire se font jour, que les subjectivités disparaissent. D'autant que son récit à elle est présenté comme étant "la vérité".
Devant l'impossibilité de juger l'affaire, l'Église décide de s'en remettre à Dieu, le gagnant du duel étant de facto déclaré du côté de la vérité. On notera au passage toutes les croyances d'un autre âge, comme quoi une femme ne tombait enceinte qu'en cas de plaisir pendant l'acte (et j'en passe...)
Arrive donc cette fameuse scène de duel, d'une violence inouïe.. D'autant plus violente que l'enjeu est la mort de l'un des deux chevaliers, bien sûr, mais aussi sa mort à elle sur le bûcher. Bref, c'est gore, trash, on tourne la tête plus d'une fois, même si là, le montage se fait un peu cheap...
Derrière ce contexte très "me-too", il y a quelque chose qui me dérange quand-même un peu: on a l'impression que tout l'intérêt du film tend vers ce duel très "couillu", très viriliste, très macho, davantage que vers la défense d'une cause, aussi juste soit-elle.