Ridley Scott revient au cinéma de manière étonnante, en adaptant un fait divers médiéval, occasion de livrer une fresque historique immense, pour nous rappeler de l’ancienneté de la lutte du droit des femmes, dans un monde entièrement voué aux hommes qu’est le Moyen-Âge.
On reconnaît le génie du réalisateur de mélanger un sujet extrêmement d’actualité et chercher dans l’Histoire, le combat d’une femme noble mariée, violée par un seigneur adverse.
Contrairement aux autres œuvres traitant de cette époque, le film donne le temps de décrire la condition des femmes, le courage qu’il fallait à l’époque pour tenir tête à un homme, noble de son état, et la vision purement reproductive des femmes.
À aucun moment, le mari Jean de Carrouges n’apparaît comme quelqu’un de bien ou capable d’empathie pour sa femme, et se sert de son viol pour régler ses comptes avec le seigneur qui lui a volé ce qu’il considérait comme son dû.
En alternant au fil des chapitres les trois points de vue, Ridley Scott reconstitue la base du travail des historiens : pas chercher la Vérité, mais une vérité, en recoupant des récits contradictoires, subjectifs, écrit pour servir des intérêts politiques.
Jacques Le Gris apparaît tantôt comme un homme d’honneur et modéré, lettré et érudit, et tantôt comme un homme avide de titre et de richesse acquise à la cour de son seigneur par la flatterie et la débauche.
Idem pour Jean de Carrouges, qui apparaît comme un grand héros médiéval, grand seigneur de guerre, et tantôt comme un homme avide de gloire personnelle, obsédé par faire fortune, au tempérament sanguin, mal dégrossi, sorte de grosse brute, et particulièrement enclin à tout régler par la violence.
Sans forcément s’y appesantir, le film entrevoit les contraintes sociales imposées aux femmes. Il met en valeur le caractère fort et avant-gardiste de Marguerite de Courges, qui assure la régence de son mari lors qu’il est parti en guerre.
L’Histoire ayant été écrite pendant quelques millénaires par des hommes, ce film, comme d’autres documentaires et programmes originaux, replace le rôle des femmes dans des périodes lointaines, et rien que pour cela, le film mérite d’exister.