À l'instar d'un R.L.Stine et son recueil d'histoires d'anthologie "Chair de poule", c'est au tour d'un certain Alvin Schwartz de voir ses nouvelles "Scary Stories To Tell in The Dark" adaptées sur grand écran, avec André Ovredal aux commandes, secondé de Guillermo Del Toro au scénario et à la production.Le long métrage éponyme du cinéaste norvégien puise son inspiration dans les contes pour enfants, voire pour jeunes adultes "Chair de poule" ou encore "Les contes de la Crypte" dans une approche plus mâture ,avec l'esprit tourmenté d'une jeune femme qui raconte (ou du moins écrit) des histoires macabres,dans un livre maléfique écrit en lettres de sang, qui prennent étrangement vie, pourchassant ces victimes, des adolescents qui ont eu la malchance de les lire, révélant leurs secrets et peurs enfouies, le sort qui leur est réservé est d'autant funeste, que les évènements étranges relatés prennent une tournure assez bizarre voire particulière.L'histoire prend forme dans une Amérique en fin des années 60's (1968) sous les retombées de la guerre de Vietnam, toujours d'actualité dans les esprits de la population d'une petite bourgade, qui essaie d'oublier et surtout de se reconstruire, quoi de mieux donc, que de fêter l'Halloween une période propice qui perpétue une tradition ancestrale, marquant ainsi un nouveau départ, aussi la transition vers l'âge adulte pour ces jeunes protagonistes, soucieux des contraintes liées à leur jeune âge..."Scary Stories" aborde des thématiques fortes, significatives d'une Époque phare de l'histoire de L'Amérique, faisant naître l'espoir en une transition efficace pour des protagonistes qui se découvrent, qui expérimentent, souvent en proie aux doutes lorsqu'il s'agit de prendre son destin en main, en s'affirmant en tant que personnes, qui rentrent dans le monde adultes, quoi de plus naturel pour des adolescents, une approche adoptée par un réalisateur qui confirme l'influence de son mentor, Guillermo Del Toro, dont la présence se fait sentir, renvoyant inévitablement à son cinéma, en affirmant "sa patte" experte lorsqu'il s'agit d'aborder des sujets pertinents, à la morale percutante, dans un aspect dramatique en toile de fond, c'était sans rappeler "Le labyrinthe de Pan" où une jeune orpheline "Ofelia" prenait part d'une aventure atypique dans un univers "féérique" étrange, effrayant, peuplé de créatures cauchemardesques, dans une Espagne en guerre civile sous le régime "Frankiste".Dans "Scary Stories" le cinéaste exploite avec subtilité le contexte de la guerre du Vietnam, ainsi que l'élection de "Nixon", ce en toile de fond à son histoire, à travers un père de famille (le père de l'adolescente), un ex-soldat apparemment traumatisé par les horreurs de la guerre,qui assiste avec effroi aux nouvelles à la télé avec remords...Une période emblématique de l'histoire d'une petite ville d'Amérique profonde où une population divisée fuit le conflit, une autre s'engage, tandis qu'une tierce partie affronte ses démons intérieurs, qui s'illustrent dans les peurs et angoisses profondes, faisant face à une panoplie de créatures monstrueuses, à l'image de ces jeunes ,une métaphore puissante qui renvoie à une étape importante de leur émancipation...Le livre maudit dont il est question, à le pouvoir de rendre ses écrits réels, libérant ainsi des monstres sanguinaires, qui reflètent les peurs de leurs victimes, de jeunes adolescents vulnérables, en exploitant les moindres recoins et lieux du récit à l'instar de ce vieux manoir délabré, hanté par le spectre d'une jeune femme, un esprit tourmenté qui déambule dans ses corridors sombres, qui n'est pas sans rappeler ma présence fantomatique qui hante la vieille bâtisse dans "Crimson Peaks" de G.Del Toro, une ambiance pesante y reigne,limite malaisante, à l'hôpital et sa créature "libidineuse" dérangeante, en passant par un champ de maïs à perte de vue, un véritable labyrinthe gardé par épouvantail horrible, malmené, qui prend vie pour prendre sa revanche de celui qu'il l'avait a longtemps maltraité...On peut donc faire confiance à l'imaginaire macabre de Guillermo Del Toro, ainsi qu'à son acolyte André Ovredal, pour susciter les peurs et angoisses profondes du spectateur à travers un bestiaire efficace, qui procure ce qu'il faut niveau frissons, dans une approche cependant plus accessible à défaut d'être impressionnante, de ce que le duo nous avait habitué auparavant, Guillermo Del Toro, tient toujours à ses "monstres" en leur rendant un hommage assez sobre, dans une certaine retenue, exigée par une œuvre tout public assumée, un gros bémol quand on connaît le penchant du duo de réalisateurs pour la surenchère visuelle qui use des artifices du genre, en ne reculant devant rien lorsqu'il sagit de générer la peur et l'horreur pure, ce qui ne ménage en aucun cas le spectateur, chose étonnante constatée dans " Scary Stories" qui sous exploite (à mon sens) le potentiel de ses nombreuses scènes de frousse, qui auraient gagné à être plus creusées, toujours à s'imposer des limites, "l'accès tout public" agrémenté d'une mention"Teen Movie",atténuent l'agressivité du spectacle proposé, c'est d'autant frustrant pour les amateurs de sensations intenses,qui ne trouveront malheureusement pas leur compte, un sentiment d'inachevé laissera un spectateur avide de frissons sur le carreau, faute à un traitement sobre, classique qui aurait dû être poussé d'avantage lors de certaines séquences, hélas, trop sur une retenue limite agaçante, néanmoins le long métrage assure un spectacle correct,qui fonctionne plutôt bien, à défaut d'être spectaculaire..."Scary Stories" peine à prendre son envol lors d'une seconde moitié, peu passionnante,une fois les enjeux de l'histoire révélés, une intrigue qui devient répétitive, entre un potentiel horrifique sous exploité qui déçoit, et une approche assez classique dans son traitement,qui emprunte aux ficelles rebattues attribuées au genre, en effet, la deuxième partie se transforme en une quête de vérité qui remonte aux origines du mal, convenue, trop banale pour interpeller le spectateur, jusqu'à
un twist final qui s'aligne dans une certaine logique, même si dans l'ensemble, ce n'est pas exceptionnel, laissant ainsi entrevoir une éventuelle suite,voire le début d'une nouvelle franchise en devenir.
"Scary Stories" est un film d'horreur plutôt pas mal, offrant un divertissement honorable à défaut d'être surprenant, l'ensemble est plaisant à regarder,malheureusement, son statut de film "tout public" lui cause défauts à bien des aspects, dont une dimension horrifique peu poussée et un traitement souvent à la réserve, lorsqu'il s'agit d'exploiter un potentiel émanant de quelques passages de tension et de frisson vite expédiés, l'œuvre mérite néanmoins que l'on sy attarde,même si le cinéaste nous habitué à beaucoup mieux...À voir...Ma note: 3/5