Mouais, mouais, mouais, voilà un film qui me laisse une vraie impression de déception regrettable dans la bouche !
Déception car le point faible du film c’est son histoire, alors même finalement qu’il essaye d’en faire l’élément fort ! Franchement il y a des cassures monumentales dans l’histoire, si bien qu’on dirait presque qu’elle a été écrite à plusieurs mains, voire au fur et à mesure du tournage, où l’on prend des directions nouvelles ! La première partie c’est presque du cinéma d’exploitation type. Quelques scènes de tortures (gentillettes quand même), avec un héros qui cherche des rousses pour leurs faire subir quelques sévices. Surtout de la nudité soft, pas de sang, c’est une partie faussement provocante avec peu d’enjeux, on sent que ça risque vite de tourner en rond. Le scénariste a dû comprendre lui aussi, alors au menu on se retrouve avec une deuxième partie romance ! Amour fou, on rencontre plein de personnages, c’est assez lourd ! Enfin partie thriller, avec des meurtres inquiétants, des mystères glauques qui émergent, et enfin une partie suspens avec un final digne d’un Usual Suspect avec une succession de rebondissements à la limite de l’incroyable. Mis bout à bout ça donne un résultat souvent incohérent et décevant tant on sent que ce n’est pas maitrisé. La chute en devient presque un prétexte pour justifier le cheminement aberrant opéré par le métrage. Et en plus il n’y a pas d’horreur et peu d’érotisme.
Le scénario est foutraque, et l’interprétation est très inégale. Si Giacomo Rossi-Stuart est très bon dans un second rôle important, si Marina Malfatti se débrouille plus qu’honorablement, Anthony Steffen a l’air complètement encombré de son personnage. Peu crédible pour jouer les troubles de ce dernier, il hésite continuellement entre le surjeu manifeste et la sobriété excessive, ne parvenant jamais à doser juste ce qu’il faut. Il n’a pour lui que la prestance finalement. Certains seconds rôles sont aussi très limites, comme le gardien, plus ridicule qu’autre chose.
La forme est séduisante. L’Appel de la chair commence fort d’ailleurs avec un superbe parc architecturé, et on gardera, tout du long, une très belle esthétique. De beaux décors, de belles architectures, le tout servi par une photographie très élégante mais qui manque un peu d’ambiance. Le réalisateur n’est cependant pas un grand talent, et il faut avouer que sa mise en scène reste très inégale, pour ne pas dire assez faiblarde. On pourra aussi, comme dans pas mal de film italien apprécier une bande son correcte, mais qui ne marquera pas outre mesure les esprits.
Finalement le plan d’ouverture du film me parlait bien, et je partais avec une certaine confiance. Mais handicapé par un scénario incohérent et désordonné, pas forcément dépourvu d’idées mais qui relève du n’importe quoi narratif avec plein de moments presque ridicules, et pas aidé par un acteur principal en roue libre et une réalisation plate, L’Appel de la chair loupe en plus le ton provocateur que son titre semble vouloir imposer. Dommage. 1.5 pour l’esthétique, quelques seconds rôles, et les quelques bonnes idées.