The Birth of A Nation, réalisé par Nate Parker retrace la vie de Nat Turner (interprété par Parker lui- même), un esclave qui mena une rébellion sanglante en 1831 contre les maitres blancs possesseurs d’ébène de Southampton County en Virginie. Turner était décrit à l'époque comme un criminel sanguinaire. Son action révolutionnaire a malheureusement mené les autorités à voter des lois encore plus restrictives envers les esclaves.
Le film a beaucoup fait parlé de lui car il est reparti en 2016 du fameux festival de Sundance avec deux prix : le Grand Prix du Jury pour une fiction américaine et le prix du public. Le titre The Birth of a Nation se veut une réponse au fameux classique des majors Naissance d'une nation de D.W. Griffith (sorti en 1920), une manière de dénoncer la vision raciste du film de Griffith qui faisait notamment passer les membres du Ku Klux Klan pour des héros et les noirs pour des brutes sanguinaires.
Ce qui saute aux yeux dans un premier temps c'est le travail effectué sur la photographie dans The Birth Of a Nation. En effet, le film multiplie les cadres intéressants, les ralentis, les effets visuels, ou encore les “lens flare” afin de ne pas livrer uniquement un film dans sa forme la plus brute mais aussi arriver à tirer toute la beauté des paysages de Virginie ! Un autre point original du film est de mettre en scène un esclave prêcheur, donc pieux et érudit, et donc fortement proche des croyances et de l'éducation des propriétaires terriens de l'époque, mettant d'autant plus en avant l'injustice présente à cette époque.
Pour le reste, hélas, le film ne convainc pas. Le réel problème de The Birth of A Nation dépend du manque de virtuosité de la part de Nate Parker en temps que cinéaste. En effet, de nombreuses séquences manquent d'un véritable timing pour que la tension soit ressentie par le spectateur, tout s'enchaînant d’ailleurs trop rapidement… La succession de plans tout aussi longs qu’inutiles sur Nate Parker rendent l’atmosphère étouffante, d’autant que l’acteur délivre une performance qui peine à convaincre. Niveau symbolique, on retrouve l'image du sang qui recouvre le coton, tout comme dans le Django Unchained de Tarantino. Sauf qu'ici le symbole reste totalement indolent tandis que Tarantino mettait un véritable coup de pied dans la fourmilière historique, livrant une critique acerbe de la traite négrière à travers du second du degré et une violence jamais camouflée ! On attendait donc de The Birth of a Nation un film fort et perturbant et non une tentative maladroite manquant cruellement de nuance. Quand au scénario, il n'en est ni plus ni moins qu'une transposition du Spartacus de Kubrick dans l'Amérique esclavagiste du XIXeme siècle.
Et que dire de la fin du film ? Ultra-kitch et appuyée par une musique grandiloquente, Parker rate son coup à travers une symbolique que l'on voit venir à 100 km ! Rien à voir avec la puissance du plan de clôture de 12 Years a Slave, dans lequel Chiwetel Ejiofor semblait mettre l'Amérique face à ses responsabilités du passé. Hélas tout le monde n'a pas le talent de metteur en scène de Steve McQueen.
En bref, malgré une belle photographie, Nate Parker échoue et passe à côté de ce qui aurait pu faire de ce film une oeuvre visuelle puissante : parler de l'Histoire avec un grand H par le biais d'un récit personnel. A la place, on se contente d’une chronique historique de seconde zone, se contentant d’accumuler les poncifs.
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